Il n’existe à ce jour aucun contrôle sur l’importation de produits OGM à Maurice. Les soja transgéniques sont importés pour le fourrage des animaux depuis des années. N’y a-t-il pas un risque alimentaire pour le consommateur mauricien, à la longue ?
Il est faux de dire qu'il n’y a pas de contrôle. En fait, le contrôle commence à l’importation. Un importateur d'un produit végétal doit obtenir un permis d’importation du National Plant Protection Office (NPPO) et nous informer si le produit contient des OGM.
Le consommateur doit être informé de tout Organisme vivant modifié qui a un effet négatif sur les humains, les animaux et l’environnement, car Maurice est signataire du Protocole de Cartagena.
Jusqu’à présent, aucun des produits que nous importons n’a été déclaré néfaste pour la santé humaine et animale, en vertu de ce présent protocole.
De plus, les produits OGM importés sont, en principe, bien réglementés et sont sujets aux évaluations très strictes dans les pays où ils sont développés avant qu’ils soient mis sur les marchés internationaux. Il est improbable qu’ils présentent un risque aux consommateurs mauriciens.
Le Genetically Modified Organisms Act de 2004 vise à limiter l’importation d’aliments OGM consommés directement par les humains. Quid de l’étiquetage de viande d’animaux nourris par des OGM ? Le public lambda n’est-il pas en droit de savoir la composition des aliments qu’il consomme ?
En aucun cas, le GMO Act 2004 vise à limiter l’importation. Actuellement, la politique du gouvernement est de veiller à ce que les produits OGM importés soient tout d’abord sans risque alimentaire pour le public et d’autre part d’informer le public sur le produit qu'il consomme. La Section 3 (1) (m) de la réglementation des aliments en vertu de la Food Act 1998, mentionne explicitement que tous les produits pré-empaquetés contenant des OGM doivent être étiquetés comme tels, le consommateur peut décider à ce moment de ce qu’il mettra dans son assiette.
Etant donné que le GMO Act a été proclamée en 2004, le gouvernement prévoit aussi de revoir cette loi afin qu’elle puisse répondre à nos attentes et aussi à aider à relever les nouveaux défis. Dans ce contexte, de nouveaux règlements dont un sur l'étiquetage sont en cours de préparation au bureau de l’Attorney General.
Même avec ces nouvelles mesures, il arrive que dans la pratique on ne peut pas tout réglementer. Par exemple, on ne peut distinguer entre les produits (viande, lait, œuf) provenant d’un animal nourri à l’OGM ou Non-OGM mais le gouvernement ne ménage aucun effort pour veiller à ce que le nouveau produit, y compris les produits pharmaceutiques, soient étiquetés correctement afin de bien éclairer les consommateurs.
Le contrôle gouvernemental dans l’importation de semences OGM pour la culture locale est-il suffisant ? Avons-nous les moyens de vérifier que des plants OGM ne sont pas cultivés à Maurice à l’insu des autorités ?
Comme mentionné plus haut, tout importateur doit avoir un permis d’importation pour tous les produits OGM, y compris pour l’importation des semences OGM. Ainsi, le contrôle de semences OGM commence à l'importation et la livraison se fait après l’inspection et l’approbation du NPPO. Nous avons aussi les moyens de vérifier si un produit ou un plant est dérivé du génie génétique à l’Ile Maurice. En fait, on pourrait avoir recours aux analyses dans les laboratoires équipés de technique biomoléculaire pour identifier les OGM.
Outre les OGM, quelle est la position du ministère par rapport à la forte présence de fertilisants dans nos légumes ? Ce que nous retrouvons dans notre assiette ne mettrait-il pas en péril notre sécurité alimentaire ?
Le ministère est conscient que certains planteurs ont recours à une utilisation excessive d’engrais et autres produits chimiques dans leurs pratiques agricoles. Il faut préciser qu’à ce jour, le ministère n’a décelé aucune forte présence de fertilisants dans nos légumes. Tout abus dans l’utilisation de fertilisants aurait plutôt des effets néfastes sur les nappes phréatiques, les cours d’eau et la mer éventuellement.
Au ministère, nous concentrons nos efforts sur l’utilisation abusive des pesticides. Nous agissons à plusieurs niveaux. D’abord, la conscientisation et la formation des planteurs sur l’utilisation raisonnée des pesticides et, en particulier, le respect du délai pré-récolte.
Il y a aussi une équipe pour prélever des échantillons de fruits et de légumes dans les champs aussi bien que les points de vente qui sont analysées au Food Tech Lab du ministère pour la détection de résidus de pesticides. A chaque fois que des résidus au-dessus du taux acceptable sont détectés, les agents vulgarisateurs du FAREI retournent chez le/s planteur/s concerné/s pour les aider à remédier leur système et mode de traitement de pesticides.
Nous avons en ce moment même une proposition à l’étude pour consolider notre système de contrôle en terme d’équipements et de personnel qualifié au Food Tech Lab du ministère qui sera aussi renforcé par des arrangements avec d’autres opérateurs du privé.
Nous œuvrons pour, à terme, arriver à rassurer tous les consommateurs sur la qualité sanitaire de nos fruits et légumes produits localement.
Entretien réalisé le 31 mars 2016