Imaginez que vous vous réveillez le cœur battant. L’homme qui dort à côté de vous n’est pas un inconnu, vous êtes mariés depuis cinq ans. Pourtant, il est imprévisible. Vous l’aimez mais il vous effraie. Va-t-il encore s’énerver aujourd’hui? Trouvera-t-il un autre reproche à vous faire ? Vous vous levez, vous faites un sourire, vous lui dites bonjour. Si vous avez l’air distrait, si vous ne lui accordez pas cette attention dès le matin, il vous reprochera, il vous questionnera : ‘Tu ne m’aimes plus ? T’as trouvé quelqu’un d’autre ? Tu ne t’intéresses plus à ton mari ? C’est quoi ton problème ?’ Pour éviter les conflits donc, vous faites un effort, parfois vous faites semblant.
Ainsi commencent vos journées avec cet homme jaloux. Il s’est levé, il se prépare à aller travailler. Vous, vous ne travaillez pas. Vous passez vos journées à l’attendre. Vous ne sortez pas. Vous aimeriez sortir ; après tout vous êtes jeune, vous voulez profiter des simples plaisir de la vie. Vous avez essayé de sortir. Une fois par mois, vous sortiez avec vos amies le matin mais un jour votre mari vous a appelé, vous n’avez pas décroché et depuis ce jour, plus de sorties entre amies. Votre mari est au travail, votre enfant est à l’école et vous êtes entre les quatre murs de votre maison. Pas de vie professionnelle, ni de vie sociale. ‘Qui suis-je finalement ?’, vous demandez-vous. Vous n’êtes que la femme d’un homme jaloux. Vous cherchez du réconfort chez vos amis sur Facebook mais là aussi, vous faites attention ; il a votre mot de passe et surveille tout ce que vous faites.
Il est de retour. Vous avez envie de prendre l’air. Parce que vous ne partez nulle part seule, vous lui proposez de sortir. Il vous répond qu’il est trop fatigué, que ce sera pour la prochaine fois. Le lendemain, vous devez vous acheter une nouvelle robe. Vous lui en parlez, dès qu’il est libre, il vous emmène faire vos achats. Au magasin, vous choisissez une robe. Il trouve que c’est trop court. Vous choisissez une autre ; le décolleté est trop plongeant.
Finalement, le cœur n’y est plus. Après les achats, vous êtes tout de même contente de votre robe, vous vous dites que votre mari a été gentil de vous l’acheter. Vous envisagez une soirée tranquille avec votre conjoint et votre enfant. Mais voilà qu’un homme se retourne pour vous regarder dans la rue. Après avoir lancé un regard venimeux à l’homme en question, votre mari vous regarde. Vous savez déjà à quoi vous attendre. A la maison, les reproches fusent : ‘Pourquoi dois-tu tout le temps faire ton intéressante ? Ne dis pas que ce n’est pas de ta faute, c’est toi qui es provocante, c’est toi qui titille les hommes. Et tu sais comment sont les hommes ! Tu ne peux pas te comporter convenablement ?’
Inutile de dire que ce n’est pas de votre faute ; pour lui, tout est de votre faute. Pourtant, quelques fois, votre silence se rompt. Vous lui répondez, vous criez. Il n’accepte pas cet affront. Il vous injurie, il vous pousse. Vous tombez, vous avez mal. Votre corps et votre amour-propre sont blessés. Votre enfant a tout vu, il est traumatisé. Mais il est naïf, pour lui, papa restera toujours le héros. Il a lui aussi peur, il est confus et vous êtes trop faible pour le consoler. Plus tard, votre mari vient s’excuser. Il pleure, il vous dit qu’il n’aime pas vous faire mal mais que c’est vous qui le provoquez. Il vous enlace, il promet de ne plus jamais recommencer. Vous savez qu’il ment.
Vous n’en pouvez plus, vous voulez absolument vous en sortir, vous épanouir. Un proche vous trouve un emploi temporaire. Après maintes discussions, votre mari accepte. Le travail… une aubaine ! Pouvoir marcher librement, sortir des quatre murs de votre maison, percevoir un salaire, rencontrer des gens, leur parler sans crainte… quel bonheur ! Vos collègues ne comprennent pas votre enthousiasme mais pour vous, ce travail n’est pas un simple gagne-pain ; c’est la liberté. Pourtant, les contraintes sont là. Même absent physiquement, votre conjoint vous suit, il vous surveille. Dès que vous prenez votre pause déjeuner, vous devez lui télephoner pour lui dire que vous êtes en train de manger. Avant même que vous ne sortiez du bureau, il est là, à vous attendre. Si vous n’avez pas terminé votre travail, il attend mais dès qu’il perd patience, il vous appelle. Dans la voiture, vous lui faites un rapport de votre journée ; qui vous a parlé, de quoi vous a-t-il parlé… Si, par mégarde, vous mentionnez un homme, les questions recommencent ; ‘Pourquoi cet homme doit-il te parler ? Non, un homme ne parle jamais amicalement à une femme ! Ne sais-tu pas qu’ils veulent juste coucher avec toi ? Et toi, tu ne fais que les encourager ! Faut que t’arrêtes de faire ta pute…’
Ainsi vit Geraldine avec son mari jaloux. Qu’auriez-vous fait à sa place ? Partir ? Elle y a songé elle aussi
« Oui j’ai voulu partir, à plusieurs reprises. Je suis retournée chez ma mère mais cette dernière m’a découragé de partir : à ‘pren enn ti patiens’ pour mon fils. A Maurice, souvent on perçoit une femme qui part comme une égoïste. D’ailleurs, je n’ai pas d’emploi permanent. Si on divorce, c’est lui qui aura la garde de l’enfant… C’est vrai que si on n’avait pas d’enfant je serais partie depuis longtemps ! Mais là aussi, partir pour aller où ? »
Elle veut s’en aller, mais elle se dit qu’elle ne peut pas. Surtout qu’avec un tel mari, il lui arrive de se douter d’elle-même. Les insultes et les doutes l’affaiblissent, elle finit par se demander si tout n’est finalement pas de sa faute
« Je n’ai plus confiance en moi. Je me dis que c’est de ma faute, que je ne mérite pas le bonheur. Je me dis que je n’ai plus le courage, que je ne m’en sortirai pas… »
Il y a des femmes comme ça, pour qui la bague de mariage ressemble plus à un étau qui se resserre un peu plus chaque jour. Cette bague, plus qu’une preuve d’amour est signe de possessivité. Elle étouffe, elle fait mal. Oui, l’étau peut être desserré, la bague peut être enlevée… Parce que nous avons toujours le choix… Pourtant, ce n’est pas aussi simple que ça… Vous êtes Geraldine et votre mari est jaloux, que faites-vous ?