Docteur, en 2017 devons-nous toujours être alarmés par la tuberculose à Maurice ?

A Maurice, la situation est sous contrôle.Le Mauritius National Tuberculosis Control Progrm arrive à atteindre les objectifs établis par l’OMS. Comparée aux autres pays de l’Océan Indien comme l’Afrique du Sud ou l’Inde (où il y a 2 millions de cas de tuberculose par an), à Maurice la situation n’est pas aussi alarmante. Mais la maladie est toujours présente à Maurice. Nous avons 100 à 130 cas de Tuberculose à Maurice tous les ans et le taux de mortalité de moins de 1%. Mais, tant que la maladie est présente dans le monde et tant qu’elle est présente à Maurice, il faut rester vigilant. Même un cas doit être pris au sérieux. Parce qu’une seule personne non traitée peut infecter d’autres personnes.

Du moment qu’une personne est infectée par la maladie peut-elle transmettre la maladie à d’autres personnes ?

Non. La bactérie peut être présente dans le corps d’une personne mais elle peut ne pas se manifester; la maladie est latente, passive et la personne infectée ne contaminera personne d’autre. Et puis, la Tuberculose peut aussi affecter d’autres parties du corps mais il n’y a que la tuberculose pulmonaire qui est contagieuse. Ce n’est que lorsqu’elle atteint les poumons et qu’elle se manifeste que la tuberculose est contagieuse. Un tiers de la population mondiale souffre de tuberculose mais la maladie se manifeste chez seulement 10 million.

Parlez-nous des symptômes de la tuberculose docteur.

Une toux grasse ou sèche qui dure plus de deux semaines et qui est parfois accompagnée de sang,de la fièvre, la perte de poids, des difficultés respiratoires…

Certains de ces symptômes peuvent prêter à confusion, non ? Certains peuvent confondre avec une grippe… Les gens viennent-ils consulter à temps ?

Ils viennent, oui, souvent ils viennent un peu tard. Et cela fait toute la différence. Parce qu’une personne atteinte de la tuberculose qui ne se fait pas soigner peut infecter d’autres personnes.

Une fois que la personne consulte un médecin, le diagnostic et le traitement se font-ils facilement ?

Oui, le diagnostic se fait facilement. Généralement, les tests cherchent à détecter la présence de la bactérie dans les crachats du patient. Maintenant, nous avons aussi le test le plus récent, le GeneXpert TB test. C’est un test plus avancé qui nous permet de détecter l’ADN de la bactérie. Le traitement, s’il est fait à temps et suivi correctement, peut assurer une guérison complète du patient. Mais là aussi, il faut faire attention.

Pourquoi, docteur ?

Parce que maintenant, il y a aussi certains bacilles de la Tuberculose qui font de la résistance au traitement. Cela arrive surtout lorsque le patient ne suit pas son traitement correctement. Une fois que la maladie devient résistante, les choses se compliquent…

Disons qu’il n’y a pas de résistance, que le traitement a marché. Y a-t-il des risques de rechute ?

Oui. Surtout si la personne a un système immunitaire faible ou si elle n’a pas un style de vie sain ; l’alcool et la cigarette, par exemple, sont deux éléments qui contribuent à l’apparition ou la réapparition de la tuberculose.

Souvent nous faisons le lien entre le HIV et la Tuberculose. Pourquoi ?

Tout simplement parce que le HIV affecte le système immunitaire, rendant l’individu beaucoup plus vulnérable à d’autres maladies. Une personne affectée par le virus du SIDA a jusqu’à 30% plus de chance de souffrir de tuberculose. Mais les modes de transmission restent différents. La tuberculose est transmise uniquement par voie aérienne. Elle est présente uniquement dans les crachats du malade.

Nous avons l’impression que comme pour le HIV, il y a beaucoup de tabous entourant la tuberculose…

Oui et il faut éradiquer ces tabous. Les gens ne doivent plus avoir peur de la tuberculose. Ils doivent comprendre que la tuberculose peut être guérie, que c’est une maladie comme les autres. Et les gens ne doivent pas avoir peur de ceux atteints de tuberculose. Vous n’attrapez pas la maladie en serrant la main d’une personne ou en la prenant dans vos bras. Même si vous utilisez la même vaisselle qu’un tuberculeux vous n’attraperez pas la maladie.

Finalement docteur, comment pouvons-nous améliorer la situation concernant la tuberculose à Maurice ?

Bon, moi je souhaite trois choses ; diminuer le taux d’incidence de la maladie, créer plus de sensibilisation parmi toutes les couches de la population et un dépistage parmi les patients à qui se fait beaucoup plus tôt. Une fois que les personnes sont plus sensibilisées, une fois qu’il y a moins de tabous et plus d’informations sur la maladie et ses symptômes, les gens viendront plus rapidement dans les centres de santé.