Le Dr Roland Donat travaille depuis 40 ans et fait ressortir qu’au fil du temps, la définition de l’asthme a beaucoup évolué. Dans un premier temps, il serait bien de se fier à la définition plus ‘classique’ de l’asthme : un bronchospasme (les bronches qui se serrent) variable et réversible. Il est important d’insister sur le terme ‘réversible’ : si les bronches serrées ne se dilatent pas après le traitement, il ne s’agit pas de l’asthme.
Aujourd’hui, les pneumologues parlent aussi d’une inflammation des bronches réversible. L’inflammation entraine rougeurs et épaississement qui limite le passage d’air. De plus, l’asthme est hétérogène. Les spécialistes concèdent que l’asthme n’est pas une seule maladie mais qu’il existe plusieurs phénotypes d’asthme. Et parce que chaque phénotype d’asthme requiert un traitement différent, il est important d’établir le diagnostic correctement.
« Il est extrêmement important d’interroger la famille ; l’asthme a une prédisposition génétique. Puis, il faut rechercher le terrain allergique. 90 % des asthmes sont allergiques. Souvent l’asthmatique souffre aussi de rhinites et d’eczéma. Et quand un des deux parents est allergique, l’enfant a 30% plus de malchances d’être lui aussi allergique. Lorsque l’allergie touche les deux parents, le risque est de 70 %. »
L’allergie peut avoir plusieurs causes. En première ligne, les acariens. 99.9 % des asthmatiques sont allergiques aux acariens ; êtres microscopiques qui se cachent dans la literie et les moquettes. Le Dr fait ressortir que les acariens sont tués par la chaleur ; pour les éliminer, mettez votre literie au soleil. Les autres déclencheurs allergiques chez l’asthmatique sont nombreux : animaux domestiques, cancrelats, moisissures, pollen, certaines substances chimiques comme les peintures et des médicaments tels que l’Aspirin, ou autres anti-inflammatoires.
Il y a aussi les facteurs contributifs : le tabagisme (actif et passif), la pollution atmosphérique et domestique, le reflux gastro-œsophagien, la ménopause, les règles et la grossesse. Le docteur explique que pendant la grossesse, trois possibilités existent :
« Soit l’asthme disparait pendant la grossesse pour réapparaitre après l’accouchement, soit la maladie s’aggrave, soit il y a un statut quo. »
L’adolescence est aussi une période charnière pour l’asthmatique ; la situation peut s’améliorer ou s’aggraver. Autres facteurs contributifs sont le froid, l’exercice dans certains cas et les infections virales des voies aériennes :
« Nous entamons la saison hivernale, c’est le moment où plus de personnes souffrent de la grippe. C’est l’asthmatique, cela peut déclencher des crises. »
Les symptômes de l’asthme sont variables. Parfois, la maladie se manifeste par une simple toux, d’autres fois, le patient présente d’autres symptômes comme une respiration sifflante, l’essoufflement et les palpitations. Dans des cas plus graves, il peut avoir du mal à parler ; il faut tout de suite l’emmener aux urgences pour traiter la crise.
Pour traiter la crise, il y a les béta-mimétiques inhalés comme le Salbutamol, la Théophylline et des corticoïdes oraux.
« Souvent, quand nous évoquons les corticoïdes les parents ont peur, zot figir sanzer. Mais quand c’est nécessaire, il faut en prendre. Evidemment, il ne faut pas en abuser. Si vous les utilisez correctement, les corticoïdes sont efficaces et inoffensifs. »
Il y a aussi le traitement de fond : les corticoïdes inhalés, la béta-mimétique de longue durée et les anti-leucotriènes. Des médicaments qui d’ailleurs sont maintenant plus abordables permettant aux médecins de traiter les asthmatiques sur le même pied d’égalité.
Bien suivre son traitement de fond, se renseigner sur la maladie, éviter les éléments allergisants… voilà quelques recommandations du docteur Donat pour que l’asthmatique puisse mener une vie normale :
« L’asthme peut être une maladie handicapante mais avec un traitement régulier, l’asthmatique peut avoir une vie normale. Il peut même faire du sport ; l’activité physique est essentielle au développement de l’enfant asthmatique. Il doit toutefois éviter certains sports comme la course de fond et la plongée sous-marine. Il est aussi important que l’asthmatique choisisse sa profession en tenant compte des risques allergisants. »
Le mot de la fin ? Toujours être responsable en ce qui concerne le traitement. L’asthmatique ne vit pas pour se soigner, il se soigne pour vivre.
Cet article est informatif et n’appelle en rien le public à consulter ce docteur.