Mary-Jan, 32 ans : « Je suis libre et belle ! »
« Le défrisage ? Plus jamais ! Quand je me défrisais les cheveux, j’allais chez la coiffeuse tous les deux mois. Je devais éviter l’humidité, l’eau de mer… c’était compliqué. Maintenant, je m’occupe de mes cheveux frisés chez moi, en toute simplicité. D’ailleurs c’est beaucoup plus économique ! »
Pourtant, Mary-Jan avait, elle aussi, succombé à la tentation du défrisage. Juste comme ça, parce que cela semblait être la norme, parce que sa mère et ses sœurs le faisaient aussi.
« J’avais 15 ans et à l’époque, on ne réfléchit pas. C’était impensable d’assister à un mariage ou une fête avec des cheveux frisés.»
La jeune fille de 15 ans grandit. Lorsqu’elle tombe enceinte, elle lit un article sur les méfaits des défrisants sur le fœtus. Elle arrête le défrisage immédiatement et (re)tombe amoureuse de ses cheveux frisés.
« Sans le défrisage, mes cheveux sont plus beaux, plus sains et modulables à souhait. Pourquoi se défriser les cheveux ? Pour plaire aux autres ? Moi je les trouve beaux, mes cheveux »
Depuis ce jour, plus de défrisage pour Mary-Jan. Femme créole aux cheveux frisés, elle s’assume. C’est d’ailleurs les cheveux touffus et la tête haute qu’elle se rend à une fête après son accouchement. Comme attendu, les commentaires pleuvent :
« On me regardait avec surprise, on me disait des choses comme ‘Eh to pa ti kav dress to matela ?’ ou ‘kinn ariv twa ? To pa ti kav fer enn brushing dan sa seve la?’ Et le plus surprenant, c’était que la plupart de ces commentaires venaient des femmes ; des femmes comme moi aux cheveux naturellement frisés »
A ces personnes qui critiquent elle répond que c’est son choix, qu’elle se trouve belle ainsi. Parce que cette chevelure, elle l’a héritée de ses ancêtres. Cette chevelure est en lien avec ses origines. Pourquoi la renier ?
« Pourquoi aller contre nature ? Pourquoi se compliquer la vie ? Et surtout, pourquoi faire du mal à ses cheveux avec des produits nocifs? J’encourage les femmes à s’accepter, telles qu’elles sont. Nous sommes toutes belles ! »
Agnelle, 28 ans : « Je m’aime comme je suis »
« Les cheveux lisses, c’est comme la minceur ; ce sont des stéréotypes de la beauté. Dans les magazines, sur les écrans nous voyons toujours des femmes minces, aux cheveux dans le vent »
Maintenant imaginez une fille de 11 ans. A la télé, elle est bombardée d’images de mannequins aux cheveux lisses. Autour d’elle, toutes les femmes, y compris sa mère, se défrisent les cheveux. Privée de modèle, elle suit la norme.
« J’étais si jeune, cela m’a semblé tout à fait naturel. Une fille aux cheveux frisés fini par croire qu’elle ne sera pas acceptée avec ses cheveux naturels »
La peur de ne pas être acceptée, pour quelque chose qui fait partie de nous, de notre histoire….Le temps passe. Elle rencontre un homme qui l’aime telle quelle, avec ses cheveux frisés
« Dès notre première rencontre, mon mari m’a fait comprendre que mes cheveux étaient naturellement beaux. Depuis, il n’a cessé de m’encourager à assumer ma chevelure naturelle. »
Avec le temps, certaines perceptions changent aussi. Agnelle entend parler du mouvement Nappy. Toute sa vie, elle a vu des femmes comme elle opter pour le défrisage. Pour la première fois, elle voit des femmes d’origine africaine assument leurs cheveux frisés. Encouragée par son mari, elle décide, elle aussi, de go natural.
« J’ai appris à m’accepter. Evidemment, des critiques, il y en a toujours : lorsque je vais à une fonction, sur mon lieu de travail, dans la rue, même à la messe.. Mais je ne fais pas attention… Je suis sûre de moi ! »
Agnelle a une petite fille de 4 ans,. Elle lui apprend déjà à s’aimer comme elle est, avec ses cheveux aux boucles resserrées :
« Ma fille ne sera jamais dans l’obligation de se défriser les cheveux. Et vous savez quoi ? Cela fait trois ans que même ma mère a arrêté le défrisage ! »
Agnelle, sa mère et sa fille. Trois femmes de trois générations différentes, trois femmes aux cheveux frisés qui savent qu’elles sont belles.
Parce que la beauté peut être plurielle. Parce qu’une belle femme est aussi une femme qui s’assume !
Source : Votre magazine de santé connectée