« C’est dommage que nous n’accordons pas suffisamment d’importance à la chirurgie pédiatrique à Maurice. Maurice est un petit pays à l’attitude généraliste. Beaucoup sont toujours d’avis qu’un chirurgien général peut faire toutes les opérations. Il faut que la population en soit consciente que la chirurgie pédiatrique requiert des connaissances et compétences différentes»
Des connaissances et compétences différentes parce que les malformations et pathologies qui touchent les enfants sont différentes. Les cancers qui affectent les enfants, par exemple, ne sont pas semblables à ceux qui affectent les adultes. Selon le docteur, il y a une cinquantaine de cas de cancers infantiles à Maurice chaque année. En ce qui concerne les malformations, elles peuvent toucher tous les organes mais les plus fréquentes restent les malformations au niveau du système urinaire, du système digestif, du système nerveux central et du système cardio-vasculaire. Pour que le chirurgien puisse opérer un enfant donc, il est important qu’il connaisse ces malformations et pathologies propres à l’enfant.
Bien-entendu, parce qu’il s’agit d’un enfant (ou d’un bébé), les organes sont plus petits ; il faut faire preuve de méticulosité et de précision. Est-ce plus compliqué lorsque nous opérons un enfant ? Oui et non, nous répond le docteur :
« C’est difficile parce qu’il faut être extrêmement minutieux. Nous utilisons des loupes grossissantes. Mais si l’opération est plus délicate, la cicatrisation se fait plus facilement et rapidement parce que les organes des enfants ne sont pas abîmés par le temps. »
Des opérations qui, bien-entendu, ne se font pas au petit bonheur. Pour établir le diagnostic, le chirurgien pédiatrique prend le temps de bien questionner l’enfant et les parents. Ensemble avec les parents, il passe en revue tous les traitements possibles. Ce n’est que lorsqu’il n’existe aucune autre solution qu’il propose la chirurgie. Et parce que dans ces cas, ce sont les parents qui prennent la décision concernant l’opération, le chirurgien pédiatrique reste à leur disposition pour toute information supplémentaire :
« Aujourd’hui les parents sont très informés, ils posent beaucoup de questions auxquelles je réponds avec la plus grande précision, et je leur donne le temps de réfléchir. Ainsi, c’est un consentement éclairé qu’ils me donnent. Evidemment, dans certains cas, il faut réagir vite ; certaines malformations doivent être opérées avant qu’il ne soit trop tard. »
Et qu’advenait-il des enfants nécessitant une chirurgie avant l’arrivée du docteur Teerovengadum en 2009 ? Ils attendaient l’arrivée d’un spécialiste de l’étranger. Pour les cas urgents, ils étaient opérés par un chirurgien général ou devaient se rendre à l’etranger. Ouf de soulagement maintenant donc, pour ces parents et ces enfants. Ils économisent du temps, de l’argent, l’enfant se fait opérer par un spécialiste et est entouré de ses proches. Autre avantage : le suivi post opératoire se fait avec le même médecin qui l’a opéré.
« A la Clinique où je travaille, nous avons tous les équipements et le savoir-faire nécessaire. Je travaille en étroite collaboration avec des anesthésistes, pédiatres, infirmiers… Ensemble, nous arrivons à faire du bon boulot. »
Il espère toutefois que les choses changeront et s’amélioreront encore plus et que les autorités concernées accorderont plus d’attention à la chirurgie pédiatrique. Son rêve le plus cher ? La création d’une unité de chirurgie pédiatrique avec un personnel spécialisé dans un ‘child friendly environement’. Pour que les enfants mauriciens qui doivent se faire opérer aient les soins qu’ils méritent.