Presque toutes les femmes souhaitent accoucher normalement. Mais toutes les femmes n'ont pas le même corps et la même force. Alors, il faut se fier aux compétences des autres. Cela, Beatrice l’a bien compris en 2013. Enceinte de 6 mois et demi, elle souffre de douleurs au ventre et est admise d’urgence à la clinique. Son col s’est déjà ouvert, elle risque d’accoucher prématurément. C’est la panique ; son mari est en voyage, elle est seule et sait que c’est trop tôt… ’On pourrait déclencher l’accouchement, mais le cœur du bébé fatigue’, lui affirme le personnel médical. Ils attendent et heureusement, tout revient à la normale. On lui conseille de rentrer chez elle et de rester allongée la plupart du temps.
Environ 2 mois passent. Deux mois durant lesquels elle écoute son corps et fait attention. Après 8 mois de grossesse elle ressent des douleurs et est de retour à la clinique. Elle se dit que ça y est, elle accouchera normalement. Mais les complications surviennent de nouveau. Le cœur de bébé va mal ; il faut faire une césarienne. Oui, c’est de nouveau la panique, elle hésite, elle pleure. Mais on lui a bien expliqué que le bébé est en danger. Le cœur battant. Elle accepte de faire une césarienne.
Cette césarienne se passe étonnement bien. Son mari est dans la salle avec elle, quoique stressés, ils vivent ce moment à deux. Parce qu’on lui fait une rachianesthésie, elle reste consciente durant l’opération et arrive à voir son bébé dès qu’on le retire :
« C’était une petite fille, on l’a retirée, elle était toujours maculée de sang. On me l’a donnée et j’ai pleuré de joie. » L’angoisse du début laisse place au soulagement. Son bébé est là et il va bien. C’est ce qui compte le plus.
Parce qu’une fois, elle a pu mettre au monde une jolie petite fille malgré les obstacles, Beatrice rêve d’un deuxième enfant. Après 3 ans, ce rêve se réalise. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte pour la deuxième fois, le médecin redouble de vigilance. Elle fait plus d’échographies, il suit de près sa grossesse. C’est une grossesse houleuse ; elle est entrecoupée de frayeurs et de soulagement. 10 jours avant le terme de la grossesse, elle ressent des contractions. Les complications recommencent.
Le bébé va mal, la maman aussi. Elle fait une hémorragie. Le cœur du bébé arrête de battre. Tout de suite, le médecin de garde arrive ; il faudra faire une césarienne en toute urgence. Pour cette césarienne, toute une équipe se mobilise. Il est vers minuit et les infirmiers courent dans les couloirs. Tout le monde s’affaire, il faut faire vite ; deux vies sont en danger. Une quinzaine de personnes dans le bloc opératoire. Les infirmières lui tiennent la main, les anesthésistes lui font des blagues pour la déstresser, le gynécologue-obstétricien qui la rassure :
« Je souffrais d’un décollement du placenta. Cela n’arrive pas souvent, ils ont à peu près deux cas par an. Mon bébé risquait de mourir, ma vie était elle aussi en danger. Ou alors, je risquais d’être alitée toute ma vie. Le médecin et le personnel soignant ont tout fait pour nous sauver. Et même si eux-mêmes avaient peur, ils tâchaient de me rassurer. »
Encore une fois, tout se passe bien. Malgré les mille obstacles, elle met au monde un autre petit bout de chou. Quel bonheur ! Et ce bonheur, elle le doit aussi à toutes ces personnes qui étaient dans le bloc opératoire avec elle. C’est un peu grâce à eux, à leur professionnalisme mais aussi leur patience et compassion qu’elle a pu rentrer chez elle avec un bébé dans les bras.
Voilà, une femme qui, à deux reprises, a fait confiance au jugement et à l’expertise de deux médecins et du personnel médical. Elle a fait confiance à un groupe d’individus qu’elle ne connaissait pas et ils ne l’ont pas laissé tomber. Mais c’était en France. Maintenant, cette Française habite Maurice. Elle n’écarte pas l’idée d’avoir un troisième enfant. Elle espère que les médecins mauriciens feront preuve de la même considération envers elle…