Il était une fois, un paysan qui gagnait sa vie en vendant de l’eau au marché. Il traversait des kilomètres pour aller jusqu’au puits, remplir des pots d’eau puis refaire le trajet jusqu’au village. Il avait une dizaine de pots ; tous étaient lisses et parfaits à l’exception d’un petit pot fêlé. Ce petit pot abîmé perdait la moitié de son eau en chemin mais le paysan s’obstinait à l’utiliser. D’ailleurs, il l’employait pour effectuer son tout premier voyage du jour ! Il le suspendait à une perche contenant un autre pot en parfait état, se dirigeait vers le puits, remplissait les pots patiemment puis se dirigeait vers le village. Jamais il ne se plaignait de la perte d’argent qu’engendrait le pot fêlé.
Mais les autres pots parlaient entre eux. Ils se demandaient pourquoi leur maitre conservait ce pot qui lui faisait perdre de l’argent chaque jour. Ils trouvaient que le pot fêlé était peu utile et pouvait facilement être remplacé par un autre pot, plus solide et plus neuf. En entendant ces propos, le petit pot fêlé commença à se sentir de plus en plus mal. Chaque jour il regardait l’autre pot qui conservait la totalité de l’eau et se reprochait de ne pas être comme lui. Il se sentait inutile, imparfait et coupable.
Un soir, ne pouvant plus se retenir, il s’adressa au paysan timidement. « Pourquoi ne me jetez-vous pas ? Vous pouvez me remplacer par un pot normal. Avec moi, vous vous fatiguez pour rien et vous perdez de l’argent. Je sais que vous me gardez parce que vous avez pitié de moi mais je suis complètement inutile. »
Le paysan se contenta de sourire et de lui demander d’attendre le lendemain. Le lendemain matin, il débuta son trajet en demandant au pot fêlé de bien regarder les bordures du sentier :
« Regarde les deux côtés et fais une comparaison », lui dit-il. Et c’est la première fois que le pot fêlé remarqua la différence. De l’autre côté, la terre était sèche, aride. Elle ne contenait que des rochers et quelques détritus. Du côté du pot, le sentier était recouvert de belles fleurs multicolores.
« Lorsque nous allions, je semais des graines puis, au retour, je les arrosais. C’était tellement facile de les arroser avec les crevasses que tu as, je n’ai même pas dû utiliser un arrosoir. Aujourd’hui, ces fleurs font le bonheur de tous les villageois. D’ailleurs, de temps en temps je peux en cueillir quelques-unes pour les vendre : cela me rapporterai bien plus d’argent que la vente d’eau. »
Vous êtes imparfait mais précieux !
Ce qu’il faut retenir de cette histoire ? Que certains d’entre vous peuvent être différents. Les épreuves de la vie peuvent vous abîmer et laisser des séquelles. Cela arrive aussi que les autres vous critiquent et vous commencez à vous poser des questions sur votre valeur. Mais ces séquelles peuvent devenir votre force et vous rendre unique. Ne culpabilisez pas si vous êtes différent. Si vous n’êtes pas comme les autres, c’est que vous pouvez sûrement accomplir des choses que les autres ne peuvent pas.