ESCLAVE
Cigarette détestée que j’aspire depuis plus de quarante ans. Ah ! Je me croyais maline quand j’ai commencé, ça me donnait un genre, je me sentais libre...
Imbécile. Je me suis laissée avoir par des holdings surpuissants, par l’image de mon père que j’adorais et qui fumait ; il en est mort comme mon grand-père et comme tant d’autres, je me suis laissée avoir par un besoin d’appartenance à la provocation aussi, ça faisait femme libérée à l’époque. La nicotine a fait le reste, m’a rendue dépendante et droguée. Me voilà 40 ans plus tard avec cette cigarette dont je suis l’esclave, et dont j’ai tenté plusieurs fois, en vain, de me libérer. Je hais cette cigarette. A l’heure où j’écris ces quelques mots, j’ai à nouveau pris la décision de couper cette dépendance.
Cette fois, il faut que j’y arrive.
Jeunesse, ne commencez jamais.
Béatrix Rambert