Mais pourquoi manger des insectes ?
Parce qu’à mesure que les populations s’urbanisent, s’occidentalisent, s’enrichissent, elles veulent consommer de la viande. Or, en 2050, nous serons près de 9 milliards d’Hommes sur la terre. Pour nourrir toutes ces bouches, il faudra selon la FAO augmenter de 70 % la production alimentaire. Mais il est probable qu’il y ait moins de terres agricoles. Et, à moins de devenir cannibale, il faudra bien trouver d'autres sources de protéines. Alors pourquoi pas des insectes ? Ils sont « riches en fibres et oligo-éléments tels que le cuivre, le fer, le magnésium, le manganèse, le phosphore, le sélénium et le zinc », nous dit Paul Vantomme, auteur d’un rapport sur la contribution des insectes à la sécurité alimentaire. Leur valeur nutritive est égale voire supérieure à celles des viandes consommées habituellement.
Une solution durable et écologie
Ce n’est plus un secret pour personne, l’élevage est l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre. D’autant que l’on produit plus de nourriture pour les animaux que pour les hommes. On voit bien à terme que ce modèle n'est pas viable.
Or, l’élevage d’insectes comestibles offre de nombreux avantages : Ils sont plus riches en protéines et moins riches en graisses que la viande, leur élevage demande beaucoup moins d’espace et de nourriture que le bétail traditionnel, et enfin, leur taux de reproduction est bien plus élevé. Au niveau écologique, cela pourrait limiter la surpêche (car moins de protéines de poisson), la déforestation (moins de protéines de soja brésilien), la destruction des milieux (moins d'élevage et donc moins de gaz à effet de serre). Dans un premier temps, le bétail serait nourri aux farines d’insectes. Et dans 20 ans, on estime que ces farines représenteront 10% des quelques 150 millions de tonnes annuelles de protéines animales consommées par le bétail. Ce chiffre pourrait même augmenter car les farines d’insectes sont moins chères à produire. Mais, à terme, les insectes finiront aussi dans nos assiettes !
Manger des insectes sous différentes formes
Les insectes peuvent être utilisés de nombreuses manières. Ils peuvent être consommés entiers pour remplacer totalement ou partiellement la viande ou en poudre (donc invisibles) dans des aliments. Mais « la consommation d’insectes ne remplacera pas notre consommation de viande... Elle doit être un phénomène accompagnant une réduction de notre consommation de viande, au moins dans tous les pays de l’OCDE » précise Paul Vantomme. Les insectes seront comme « un complément alimentaire de qualité ». En clair : la consommation d’insectes viendra plutôt compléter celle de la viande. Les insectes ne remplaceront pas totalement le bétail. Nous voilà rassuré !... Pour l'instant ...
Est ce que c’est sain de manger des insectes ?
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) avait publié une étude présentant des risques potentiels liées à la consommation d’insectes : allergènes communs avec les crustacés, dangers liés aux parasites (tout comme le porc ou le bœuf, les insectes peuvent porter des parasites). Mais Paul Vantomme se veut rassurant puisque son rapport démontre que « les insectes présentent un faible risque de transmission de maladies comme la grippe H1N1 (grippe aviaire) et l’ESB (maladie de la vache folle) ». D’ailleurs, plus de 2,5 milliards de personnes, en Asie, Afrique et Amérique latine utilisent déjà les insectes dans leur alimentation. Et elles s'en portent très bien. Mais chez les occidentaux, il existe quelques barrières.
Demain, il nous faudra franchir des barrières
A l’heure actuelle, il y a 3 freins majeurs à la consommation d’insectes comestibles:
Le premier est l’acceptation du public. En effet, nous ne sommes pas prêts à consommer des insectes volontairement du fait de leur mauvaise réputation ou du dégout qu’ils inspirent. Mais, dans un monde globalisé, les habitudes alimentaires changent rapidement : «L’acceptation rapide du poisson cru sous forme de sushi en est un bon exemple» souligne Paul Vantomme
Deuxièmement, un environnement juridique et législatif devra encadrer leur production ainsi que leur mise sur le marché. C’est pourquoi, l’Union européenne doit « adopter pour les insectes la même législation que pour les crevettes, par exemple. Ce que font déjà de nombreux pays, incluant la Chine, le Japon ou les États-Unis »
Enfin, il est nécessaire de créer un système de production automatisé à échelle industrielle. Ce système permettrait une production continue avec une qualité et sécurité alimentaire optimale afin de répondre aux demandes du marché. Certains entreprises, ayant bien saisi le message, s’y sont déjà préparées et sont prêtes à proposer des insectes sous forme de barres de céréales ou de biscuits secs.
Oui, il faudra s’y faire : «Il est très probable que les insectes se seront imposés comme un des aliments de base pour les êtres humains et les animaux d’élevage d’ici la fin du siècle ». Il existe près de 2000 espèces d'insectes comestibles pour l'homme : sauterelles, chenilles, teignes, papillons, grillons, abeilles, tarentules,... vous en trouverez bien un qui vous plaira ! Et si leur aspect vous rebute vraiment vous pouvez les cacher dans un gâteau, ou une quiche... Bon appétit !
Si vous voulez en savoir plus, lire aussi : Comment mangerons-nous en 2050 ? Article pubié par le Huffingtonpost