La frousse, la pétoche (ou peu importe le nom qu'on lui donne) n’est pas seulement un sentiment naturel face à un danger ou un stress. Elle a bien d'autres aspects positifs pour nous.
La peur pour la montée d'adrénaline
L'excitation monte et le cœur bat plus vite... on est en pleine réception d'endorphine et d'adrénaline ! On se sent pousser des ailes. «Lorsqu’elle accompagnée ou suivie par l'allégement ou le succès (comme par l'accomplissement de quelque chose en dépit des risques), la peur peut conduire à la soi-disant montée d'adrénaline, ce qui est vécu comme positif et peut même avoir une qualité de dépendance» indique David H. Zald, professeur de psychiatrie à l’université américaine Vanderbilt. En effet, l'adrénaline (ou l'hormone du « je n'ai peur de rien ») provoque une impression de puissance, de force et de liberté très enivrante. Et cette sensation peut être addictive, ce qui explique que certains soient en permanence à la recherche de nouvelles sensations fortes.
La peur permet de se changer les idées
Une contrariété au travail, un entourage un peu oppressant... autant de petits tracas du quotidien qui envoient du stress ! Grâce à la peur, notre concentration est accrue : un film d'horreur capte bien mieux notre attention qu'une fiction classique. «Lorsque nous sommes effrayés nous sommes pleinement conscients, concentrés et dans l'instant. Nous ne sommes pas préoccupés à penser à ce qui s'est passé hier ou ce que nous avons à faire demain» nous explique David H. Zald. Ainsi, on oublie nos angoisses réelles pour se focaliser sur des événements irréels, pour lesquels on ne craint rien. On se change les idées... et on déconnecte.
La peur encourage la confiance en soi
Tout le monde aime une bonne aventure. Mais ceux qui recherchent à avoir peur aiment mettre plus de folie, de piment dans leur vie. Nous ne pouvons pas tous être des héros de film d'action ou d'horreur, mais à défaut, nous vivons la peur avec eux. Nous partageons ainsi un sentiment d'accomplissement similaire à nos héros de fiction.
Pour Margee Kerr, sociologue à l’université de Pittsburgh, qui a travaillé sur cette théorie, la peur entraine un sentiment «de confiance, de compétence et d’accomplissement...C'est ainsi un véritable coup de pouce pour l’estime de soi». On cherche à vivre des épisodes effrayants, on a peur mais on en tire la satisfaction d'y voir survécu. On se sent fier d’avoir affronté ses peurs. Bref, on ne regarde pas Indiana Jones, on est Indiana Jones !
La peur favorise la cohésion sociale
Enfin, se faire peur peut aussi être un moyen de créer des liens avec les autres et de partager un même vécu. Regarder un film d’horreur entre copains, c’est nettement plus sympa ! On se soutient, on se protège, on se regarde, on en parle après pour «débriefer»… Oui, il y a une cohésion qui se crée. «Nous affrontons ces défis ensemble et, ce faisant, nous créons des liens plus forts, des souvenirs plus intenses et un sentiment de proximité» explique Margee Kerr.
Cette peur là, c’est un sentiment à ne pas fuir, bien au contraire ! D’autant qu’on sait que «c’est pas pour de vrai»… Sinon, ce ne serait pas du plaisir, mais de la vraie peur, qui, elle, peut s’avérer destructrice.