La pollution atmosphérique renferme de milliers de composants gazeux, liquides et solides. Les polluants qui affectent le plus la santé sont les particules fines. C’est un mélange de gouttelettes solides et liquides provenant principalement de la combustion de carburant et de la circulation routière. Son taux dans l’air permet de mesurer la pollution atmosphérique.
Ses effets sur la santé sont graves : la pollution atmosphérique est la cause d'un tiers des décès dus aux accidents vasculaires cérébraux, au cancer du poumon et aux maladies cardiaques. On connaissait l’impact de la pollution atmosphérique sur la fonction de reproduction (risque sur la croissance du fœtus et prééclampsie). On sait désormais qu’elle affecterait aussi le cycle menstruel de la femme.
Une perturbation de l’axe qui contrôle le cycle menstruel
Le cycle menstruel comprend deux phases distinctes séparées par l’ovulation:
- La phase folliculaire ou pré-ovulatoire : elle commence le premier jour des règles et se termine à l’ovulation.
- La phase lutéale : elle commence après l'ovulation et se poursuit jusqu'au dernier jour du cycle ovarien.
Tout fonctionne bien, lorsque les informations circulent correctement selon un axe qui va de l’hypothalamus dans le cerveau, en passant par l’hypophyse (la glande située sous l’hypothalamus) jusqu'aux ovaires. Cette chaine est appelée également l'axe hypothalamo-hypophysaire-ovarien. La pollution atmosphérique - et notamment les particules fines - ont elles une influence sur la bonne circulation de ces informations ? La réponse est oui selon une équipe de chercheurs français de l’Institut pour l’avancée des biosciences. Selon eux, les particules fines ont tendance à augmenter la durée de la phase folliculaire.
Une phase pré-ovulatoire plus longue
Pendant 30 jours, les chercheurs ont suivi 184 femmes qui ne prenaient pas de contraceptif hormonal. Tous les jours ou tous les deux jours, elles devaient effectuer des analyses d’urine. Ce qui a permis d’évaluer pour chacune d’entre elles le jour d’ovulation et la durée de chacune des deux phases du cycle.
En parallèle, les scientifiques ont calculé les niveaux de pollution auxquels ces femmes étaient exposées. Ils ont ainsi découvert une augmentation de la durée de la phase folliculaire de 0.7 jour mais pas de la phase lutéale ni de la durée totale du cycle. Les scientifiques ont constaté cette augmentation chaque fois que les taux de pollution augmentent de 10 microgrammes par mètre cube.
Selon Rémy Salla, directeur de recherche à l’Inserm, ces résultats prouvent bien que la pollution atmosphérique, notamment les particules fines - parviendraient à altérer la chaîne de transmission d'informations hormonales.
La recherche se poursuit
Ces résultats sont très importants. Cependant, les chercheurs ne savent pas encore si cet allongement de la durée de la phase folliculaire a un un éventuel impact sur la fertilité féminine. D’autres études doivent être menées sur de plus grands échantillons de population.
Affaire à suivre...