La schizophrénie est l'un de ces troubles dont nous ne connaissons pas encore la cause. Pour autant, la communauté scientifique estime qu'environ 80 % du risque de schizophrénie est attribuable à l'hérédité. Il n'y a pratiquement rien à faire pour réduire ce risque ; il est inné. Les 20 % restants sont attribuables à des facteurs environnementaux auxquels une personne est exposée dans son enfance. Selon de nouvelles recherches, l'un de ces facteurs pourrait être lié au fait d'avoir ou non des animaux de compagnie. Notamment un chien.
Le système immunitaire et la santé mentale
La communauté scientifique comprend de plus en plus que la maladie mentale est liée à des troubles du système immunitaire dus à des facteurs environnementaux dans la petite enfance. On sait que de nombreux enfants ont des animaux de compagnie dès le plus jeune âge.
Or, les chats et les chiens peuvent modifier notre environnement et notre système immunitaire : ils peuvent introduire des allergènes, des virus et des bactéries. Ils peuvent changer le microbiome de la maison; et, surtout, réduire le stress en modifiant la chimie de notre cerveau. Y aurait-il un lien entre tout cela et la santé mentale? C’est ce qu’ont voulu savoir des chercheurs de la Johns Hopkins School of Medicine (Baltimore, Maryland).
Réduction du risque de 25 %
Les chercheurs ont étudié un groupe de 1 371 hommes et femmes d'âges, d'ethnies, de lieux de naissance et de niveaux d'éducation et de statut socioéconomique différents. 396 d’entre eux étaient atteints de schizophrénie, 381 de trouble bipolaire et 594 servaient de groupe témoin sain. On a demandé à ces volontaires s’ils avaient eu un chien ou un chat avant l’âge de 13 ans. L’équipe a utilisé des outils statistiques pour déterminer ce qu'on appelle un ratio de risque pour chaque animal de compagnie pendant quatre tranches d'âge différentes. Ces informations, comparées aux taux des deux maladies mentales ont donné des résultats stupéfiants.
Chiens vs chats
Les chercheurs ont constaté que le risque de développer la schizophrénie était réduit de 24 % lorsque l’enfant a été en contact avec un chien dès le plus jeune âge. Pour le trouble bipolaire, il n’y aurait aucun lien - positif ou négatif, avec le fait d'être entouré de chiens pendant l'enfance ou la petite enfance.
Dans l'ensemble, l’étude n'a pas pu établir de lien entre les chats et une augmentation ou une diminution du risque de développer une schizophrénie ou un trouble bipolaire.
Cependant, les scientifiques ont trouvé un risque légèrement plus élevé de développer ces deux troubles chez ceux qui avaient eu des chats à partir de 9 et 12 ans. Cela semble indiquer que le temps est est un paramètre important pour savoir si cela modifie ou non le risque.
Un impact majeur
Pour l’instant, on ne connait pas la raison de ce lien entre le fait d’être en contact avec un chien et la schizophrénie. On sait seulement qu'il existe et plus tôt (0-3 ans) est le contact, plus ce lien serait important.
Les scientifiques avancent différentes théories. Il possible que le fait d'avoir un chien ait un effet émotionnel positif sur les enfants. Il se pourrait aussi qu’avoir un chien ait un effet bénéfique sur le développement du système immunitaire des enfants. Certaines éléments du microbiome - des micro-organismes bénéfiques - d’un chien en bonne santé peuvent se transmettre à un nourrisson. Ces organismes fourniraient comme une sorte de protection contre le développement de la schizophrénie plus tard dans la vie.
Il est nécessaire de mener des études plus approfondies pour explorer ces possibilités. Si d'autres recherches confirment les résultats de cette étude, cela pourrait avoir des conséquences majeures pour des milliers de personnes.
Quoiqu’il en soit, que ce soit à cause de leurs microbiomes ou de leur merveilleuse personnalité, le meilleur ami de l'homme semble faire plus pour notre état mental que nous pourrions le supposer.
Ces résultats ont été publiés dans la mégarevue scientifique PLOS One, éditée par la Public Library of Science.