Fumée principale, fumée secondaire, fumée tertiaire
Cela fait de nombreuses données que l’on connait les effets du tabagisme actif (primaire) sur l’organisme, ainsi que le tabagisme passif (ou secondaire). Ce n’est que ces dernières années qu’un nouveau terme, appelé fumée tertiaire, est apparu. Il s’agit des résidus de fumée qui s’accrochent dans les cheveux, la peau, les tissus, les planchers, les murs, les tapis, etc… Ce type de fumée subsiste même lorsque la cigarette est éteinte. Elle peut persister pendant des années sur et dans les surfaces, même si l’odeur a disparue.
Les mégots sont généralement froids et ne contiennent qu’une quantité infime de tabac. Ils ne devraient donc pas dégager de quantités importantes de polluants. Jusqu’à présent, il n’existait aucun moyen de mesurer ces quantités et beaucoup doutait même de leur existence. D’où l’importance des résultats de la récente étude menée par l’Administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments – la Food and Drug Administration.
Une «machine à fumer»
L’objectif de cette étude était de quantifier les émissions de polluants des mégots et de leur impact dans des environnements différents. Les scientifiques ont conçu leur propre «machine à fumer» des cigarettes comme de vrais fumeurs : six bouffées avant d’écraser les mégots. Ils ont ensuite placé ces mégots dans une chambre en acier inoxydable.
L’équipe de chercheurs a mesuré les émissions de huit substances chimiques couramment émises par les cigarettes. Quatre d’entre elles sont considérés par la FDA comme étant nocives ou potentiellement nocives. L’une d’entre elles, la triacétine ne fait pas partie des substances dangereuses. Mais elle est très répandue dans les filtres de cigarettes et ne s’évapore pas facilement. C’est donc un bon indicateur pour déterminer la façon dont d’autres produits chimiques se décomposent.
Des substances présentes même après 5 jours
La plupart des substances chimiques provenant des mégots sont émises dans les premières 24 heures. Mais des traces de nicotine peuvent persister même après 5 jours. Notamment la nicotine et la triacétine, présentes à près de la moitié de leurs concentrations, pendant plusieurs jours. L’équipe a découvert qu’en une seule journée, un mégot de cigarette émet jusqu’à 14 % de la nicotine produite par une cigarette allumée. Et plus il fait chaud et humide, plus les émissions sont élevées.
Cela signifie, par exemple, que si vous ne videz pas un cendrier chez vous pendant une semaine, votre entourage est exposé aux mêmes risques que pour le tabagisme passif. De même, vous pourriez penser qu’en ne fumant jamais dans votre voiture, vous protégez les non-fumeurs ou les enfants autour de vous. Mais si le cendrier de votre voiture est rempli de mégots, il y aura émission de produits chimiques et donc, exposition. Vous ne protégez personne. D’autant plus si votre voiture est exposée à la chaleur toute une journée.
Des mesures de précautions
Il a été difficile de déterminer comment appeler ces émissions nouvellement découvertes et mesurées. Les chercheurs les ont appelées « after smoke» ou simplement «émissions de mégots». Quelle que soit la terminologie utilisée, ils souhaitent que les fumeurs sachent que même les mégots polluent l’air. Les substances chimiques restent longtemps après que la cigarette ne soit éteinte. Les auteurs de l’étude préconisent de mettre les mégots usagés dans des pots en métal ou en verre remplis de sable et fermés hermétiquement. Mieux : faites en sorte d’arrêter de fumer !…