Un indice d’épanouissement
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’UNICEF ont réuni un groupe de 40 experts indépendants en santé infantile du monde entier. Ces experts ont récolté des données de 180 pays : indicateurs d’état de santé, de nutrition, d’éducation, de mortalité,… A partir de ces indicateurs, ils ont construit un nouvel indice qui permettait de mesurer la possibilité des enfants de s’épanouir.
Les résultats sont sans surprise. Les pays riches arrivent en tête : en première position la Norvège suivie par la Corée du Sud, les Pays-Bas et la France. En bas du classement, on trouve les pays d’Afrique subsaharienne: République centrafricaine, Tchad, Somalie et Niger. Toutefois, les auteurs du rapport ont comparé ce classement aux mesures de «durabilité». (évolutions des émissions de CO2, inégalités de revenus par habitant…) de chaque pays. Résultat : les classements sont largement inversés.
Les auteurs reconnaissent les améliorations réalisées dans le domaine la santé des enfants au cours des 20 dernières années. Mais selon eux, aujourd’hui, ces progrès sont au point mort voire même menacés.
L’intensification du changement climatique menace l’avenir de chaque enfant
Les auteurs de ce rapport ont félicité les pays riches. Mais ils constatent aussi que ces pays sont toujours incapables de réduire leurs émissions de CO2. Les projections actuelles prévoient que le réchauffement de la planète dépassera 4°C d’ici 2100. Si ces prévisions se réalisent cela aurait des conséquences sanitaires désastreuses sur la santé de tous les enfants. Parmi ces conséquences, on peut citer la hausse du niveau des océans, les vagues de chaleur, la prolifération de maladies comme le paludisme et la dengue, et enfin la malnutrition.
Des pratiques commerciales néfastes en augmentation croissante
Le rapport souligne également la menace particulière que représente les pratiques commerciales néfastes et abusives pour les enfants. Selon Le professeur Anthony Costello, l’un des auteurs du rapport, «l’autorégulation par les industriels ne fonctionne pas». Dans certains pays, les enfants voient, en une seule année, jusqu’à 30 000 publicités à la télévision. Il évoque notamment la surexposition aux publicités pour les aliments issus de la restauration rapide et les boissons sucrées. La hausse alarmante de l’obésité infantile et adolescente a été multipliée par 11 entre 1975 et 2016.
De même, ce rapport dénonce l’exposition des enfants et des adolescents aux publicités pour l’alcool pendant les transmissions des rencontres sportives. Le problème est tout aussi dramatique concernant le tabac : aux Etats Unis, plus de 24 millions de jeunes font face aux publicités pour la cigarette électronique. Et la réalité pourrait être bien pire encore : il n’existe que peu de données et/ ou de statistiques sur la forte croissance de la publicité véhiculée sur les médias sociaux !…
Un manifeste pour une action immédiate
Pour protéger les enfants, les auteurs du rapport appellent les gouvernements nationaux à un nouvel engagement mondial. Il faut, selon eux, revoir les approches et recommandent, notamment, de
- mettre fin, avec la plus grande urgence» aux émissions de CO2, afin de garantir aux enfants un avenir sur cette planète.
- placer les enfants et les adolescents au centre de leurs efforts pour parvenir à un développement durable
- définir de nouvelles politiques et de nouveaux investissements dans tous les secteurs pour œuvrer en faveur de la santé et des droits des enfants
- prendre en compte la voix des enfants dans les décisions politiques
- durcir la réglementation nationale en matière de pratiques commerciales néfastes
Ce rapport, intitulé «Un avenir pour les enfants du monde ?» a été publié dans The Lancet