Première raison : un sentiment de menace et d’urgence
Steven Taylor, psychiatre canadien et auteur de « La pathologie des pandémies » estime que les comportements actuels sont très proches de ceux qui ont eu lieu lors des pandémies passées, notamment lors de l’épidémie de grippe espagnole. Le nouveau coronavirus effraie les gens parce qu’il est nouveau, et il y a beaucoup de choses qui restent encore inconnues. Les populations se sentent menacées. Un sentiment nourri et exacerbé par ces images dramatiques voire apocalyptiques diffusées massivement sur les réseaux sociaux et/ou pendant les bulletins d’information. Ce qui entraine un sentiment d’urgence
Deuxième raison : la peur de manquer
C’est la raison donnée par le professeur Nitika Garg, chercheur sur le comportement des consommateurs à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud. Nous sommes des créatures qui vivons en société. Nous nous tournons les uns vers les autres pour savoir ce qui est sûr et ce qui est dangereux. Et l’achat de panique chez l’un engendre l’achat de panique chez tous. Nous nous disons : «Si cette personne achète, si mon voisin achète, il doit y avoir une raison. Alors je dois le faire aussi». Et peu importe si on en a besoin ou non. On le sait, la peur est contagieuse.
Troisième raison : le besoin de se mettre en sécurité
Selon le psychiatre canadien, le papier toilette est devenu le symbole de la sécurité. La majorité des gens pensent que les gros problèmes nécessitent des grandes solutions. Or pour une épidémie à l’échelle mondiale d’un virus que l’on ne connait pas on leur dit : «lavez vous les mains ! ». Inconsciemment, les gens pensent qu’on leur fournit une petite solution (qui est pourtant la meilleure) à un énorme problème. Ils ont besoin de mettre leur famille en sécurité. Donc ils se tournent sur ce qu’il y a de plus gros : les paquets de papier toilettes. Ils achètent du volume.
Quatrième raison : le sentiment de contrôle
Certains économistes explique ce comportement pas la théorie du «Zero risk bias». Une sorte de logique irrationnelle qui nous pousse à éliminer un petit risque plutôt que réduire un risque plus important mais qui peut aboutir à de meilleurs résultats. C’est pourquoi, on préfère stocker des produits pas chers, non périssables et que l’on pourra toujours utiliser si la situation s’améliore. Alors que les produits essentiels comme, les conserves ou les plats surgelés, sont plus chers et on n’est pas sûr de les consommer lorsque la situation sera meilleure. Selon Farasat Bokhari, spécialiste de l’économie de la santé à l’université britannique d’Est-Anglie, avec cette «logique» nous avons le sentiment de prendre le contrôle d’un phénomène sur lequel on n’a pas de prise. Mais au moins on fait quelque chose.
Cinquième raison : un virus, c’est dégoutant
Dans l’inconscient collectif, être infecté est intimement lié au sentiment de dégout. Or le papier toilette est du papier hygiénique, synonyme de propreté et assimilé à l’absence de contamination. Ce qui explique, dit le psychiatre Steven Taylor, ces achats compulsifs de papier toilette, «un moyen d’éviter les choses dégoûtantes».
Quoiqu’il en soit et quelle qu’en soit la raison, l’achat de panique est une réaction, profondément humaine. Elle nous aide à mieux gérer notre anxiété. Pour autant, c’est un comportement irrationnel qui risque de créer des pénuries artificielles. Alors que peut-on faire ?
- Evitez de vous laisser influencer par tout ce que vous voyez sur les réseaux sociaux, par les fake news et les rumeurs. C’est déjà un premier pas.
- Faites vos courses pour 2 semaines en ayant avec vous une liste des choses dont vous avez réellement besoin. Cela vous évitera de mettre dans votre chariot des produits que vous n’allez probablement pas consommer.
Quant au papier toilette, vous en avez peut-être un stock pour 1 an. Alors, on se détend !…