Qu’est-ce qui a changé ?
Les scientifiques ont découvert qu’une personne peut être contagieuse jusqu’à deux jours avant de présenter les premiers symptômes. «Cela explique la rapidité avec laquelle le virus se propage», a déclaré le Dr Redfield, directeur du CDC. Il savent aussi que certains individus (25 % des personnes infectées ) sont asymptomatiques (infectées mais ne présentant pas de symptômes) mais peuvent propager l’infection. Chose que l’on ne savait pas au début de la pandémie actuelle. Il est donc difficile de recommander que seules les personnes malades portent des masques pour se protéger, «car on ne sait clairement pas qui est malade et qui ne l’est pas», a déclaré le Dr.Allison Aiello. Ce professeur d’épidémiologie à la Gillings School of Global Public Health de Chapel Hill (Université de Caroline du Nord), a effectué des recherches sur l’efficacité des masques.
Vers un port généralisé du masque ?
Il y a ceux qui sont «pour» et ceux qui sont «contre». Et les deux camps ont de fervents partisans.
- Les «contre» : Ils pensent que les preuves scientifiques disponibles ne montrent pas que les masques sont suffisamment efficaces dans les lieux publics pour justifier une recommandation de masse. L’OMS, notamment, estime que le port d’un masque peut donner aux gens un « faux sentiment de sécurité ». Cela les incite à ignorer les recommandations de base, comme les gestes barrières, le lavage des mains et la distanciation sociale. Ils pensent également que le port d’un masque peut involontairement encourager les gens à se toucher davantage le visage.
- Les «pour» : Ils se réfèrent aux études scientifiques qui ont montré que les masques peuvent protéger les personnes en bonne santé contre les symptômes des maladies de type grippal. De même, des recherches publiées par Cambridge University Press en 2013 ont démontré que même les masques en tissu faits maison réduisaient «considérablement» la quantité de gouttelettes projetées et potentiellement infectieuses. Ainsi, le port généralisé du masque permettrait aux personnes asymptomatiques de ne pas propager l’infection. Le Pr Bricaire, infectiologue français, prend l’exemple de l’Asie où le masque est non seulement une mesure de prévention mais aussi un acte de civisme pendant une épidémie.
Se couvrir le visage même sans masque ?
Tous les scientifiques «pro masques» rappellent que les masques permettent d’éviter de contaminer les autres, bien plus qu’à se protéger soi-même. L’objectif du masque est de réduire les sources de transmission et non de se protéger de la contamination.
Le professeur KK Cheng, spécialiste de santé publique à l’université de Birmingham (Angleterre) a été interrogé par l’AFP. Il estime que « cela fonctionne si tout le monde en porte, et dans ce cas, un masque très basique suffit, car un bout de tissu peut bloquer les projections» émises par un malade. «Ce n’est pas parfait, mais c’est beaucoup mieux que rien», conclut-il.
Un masque «grand public» ou «alternatif»
L’Académie de Médecine recommandent le port d’un masque «grand public» appelé aussi «alternatif» pendant et après la période de confinement. Face à la floraison de masques – aux qualités hétérogènes et quelque fois douteuses – en vente sur les réseaux sociaux, l’Association française de normalisation (Afnor) a mis en ligne des patrons pour la confection de masques barrières. Leur guide à destination des particuliers et des «néofabricants propose un type de masque labellisé et validé par 150 experts. Mais, précise l’Afnor, ce masque alternatif en tissu ne sert qu’à éviter la projection de gouttelettes. Il est utile lors des déplacements (courses par exemple) mais ne remplace pas les gestes barrières et ne peut pas être utilisé en milieu hospitalier.
Bandanas et foulards
Les CDC estiment, de leur côté que, lorsque des masques chirurgicaux ne sont pas disponibles, on peut utiliser des bandanas et des foulards. Mais, précise les CDC, en suivant quelques consignes.
- Le tissu doit couvrir à la fois le nez et la bouche.
- Assurez-vous que votre masque est confortable afin de ne pas avoir à l’ajuster sans cesse et d’éviter de vous toucher le visage.
- Lavez-vous les mains avec du savon avant et après avoir touché votre visage ou vos masques.
- Lavez fréquemment ces masques en tissu – idéalement après chaque utilisation, ou au moins tous les jours.
- Placez bandanas et foulards dans un sac jusqu’à ce qu’ils puissent être lavés avec du savon et de l’eau chaude (60° pendant 30 minutes minimum)
- N’utilisez pas de bandanas ou d’écharpes qui ne peuvent pas rester sur votre visage (tissu trop «glissant») ou s’ils sont troués ou déchirés.
Le port d’un masque sera probablement «mieux que rien» si l’on veut éviter de propager la maladie. A condition de le porter correctement, de le nettoyer souvent, de vous laver les mains, de continuer à ne pas vous toucher le visage et de respecter les distances de sécurité en public. Si vous voulez porter un masque en pensant à ses avantages, n’oubliez non plus ses limites.