Virus : ses portes d’entrée et de sortie
Le SARS-CoV-2, est ce que l’on appelle un parasite cellulaire obligatoire. Ce qui signifie qu’il doit entrer dans une cellule pour pouvoir se reproduire, puis pouvoir en sortir pour infecter d’autres personnes. Ses portes d’entrée principales sont les muqueuses de nos voies aériennes. Le virus traverse les muqueuses du nez, de la bouche, de l’oesophage ainsi que les muqueuses conjonctives de l’oeil. Puis, il atteint les cellules des bronches et se reproduit. « La porte de sortie du virus, c’est la bouche» nous explique le Dr. Michaël Rochoy, médecin généraliste dans le nord de la France.
La transmission du SRAS-CoV-2 se fait soit par contact avec un objet sur lequel se trouve le virus, soit en inhalant des gouttelettes émises lors d’éternuements et de toux. Il existe maintenant une troisième voie de transmission possible que les chercheurs ont commencé à envisager : les micro-gouttelettes émises par la bouche lorsqu’une personne parle. Les postillons proviennent du mucus (sécrétions visqueuses) produit par les muqueuses de nos voies respiratoires et notre gorge. Ainsi, quand nous parlons, nous en expulsons, une petite quantité. Mais, précise Christophe Bécavin, spécialiste des mécanismes d’entrée du virus dans l’organisme, une petite quantité potentiellement contagieuse. Ainsi, une personne saine peut s’infecter en inhalant des gouttelettes émises par une personne contaminée.
Combien de temps le virus peut-il rester actif ?
Les gouttelettes respiratoires projetées lorsque l’on tousse ou on éternue sont de grosses gouttelettes, trop lourdes pour rester en suspension dans l’air. Donc, du fait de la gravité, elles retombent à environ 1 à 2 mètres. Le virus peut ainsi se transmette par les gouttelettes projetées directement sur le visage ou des surfaces. Il peut rester actif pendant un temps variable en fonction du matériau sur lequel tombe la gouttelette. D’où l’importance des mesures de distanciation sociale. Mais qu’en est-il des gouttelettes plus petites (moins de 5 micromètres) ?
Des scientifiques du National Institutes of Health, de l’université de Princeton et de l’UCLA démontrent, dans une récente étude, que le nouveau coronavirus peut rester dans l’air jusqu’à 3 heures. Mais cela ne veut pas dire qu’il reste actif pendant 3 heures précisent les auteurs. Comme pour les gouttelettes tombées sur les surfaces, tout dépend, de la charge virale contenue dans les gouttelettes. Et cette charge virale – la quantité de molécules virales présentes – dépend de la quantité de virus qu’une personne malade a dans son corps. Or, par rapport à la maladie, nous sommes tous différents.
Est-ce qu’une transmission par aérosol est possible ?
Selon les Académies américaines des sciences , certaines études laissent penser que ce type de transmission serait possible. On sait que les aérosols peuvent potentiellement voyager sur de plus grandes distances. Le virus qui cause la varicelle, par exemple, peut se déplacer à des dizaines de mètres d’une personne infectée. Il peut rester dans une zone même après que la personne qui les a émises soit partie. Mais qu’en est-il pour le du SRAS-CoV-2 ? Des chercheurs de l’université du Nebraska ont étudié l’air expulsé par des malades Covid-19. Ils ont trouvé l’empreinte génétique du virus dans plus de la moitié des échantillons prélevés et ce, au bout de deux heures. Ce qui semble signifier que le SRAS-CoV-2 « flotterait dans l’air et sortirait même par le nez »souligne Christophe Bécavin, chercheur du CNRS à l’Institut de pharmacologie moléculaire
Mais, trouver l’ARN du virus dans l’air ne signifie pas nécessairement que le virus est viable et toujours infectieux. Pour déterminer si une transmission par aérosol est possible, les scientifiques doivent connaître la quantité de virus que contient un aérosol moyen et la quantité de virus qu’il faut inhaler pour être infecté. Pour l’instant, la recherche continue…
En attendant, la précaution est de mise. C’est pourquoi de nombreux médecins, ainsi que les institutions de médecine publique, recommandent le port généralisé du masque. Un masque qui doit couvrir la bouche ET le nez. C’est un écran anti-postillons qui permettra de retenir les gouttelettes, petites ou grosses, et de protéger les autres.