Scénario 1 : le coronavirus disparaît grâce à des mesures de santé publique
Un scénario qui est déjà arrivé. En 2002, un coronavirus similaire dans le sud de la Chine, est passé pour la première fois des animaux aux humains. Il a provoqué l’apparition d’une infection connue sous le nom de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Le virus s’est propagé à 26 autres pays, infecté plus de 8 000 personnes et fait près de 800 morts. Mais l’épidémie a fini par disparaître en 2004, grâce à des mesures de santé publique. Des mesures telles la quarantaine, les restrictions de voyage, les contrôles dans les aéroports et de larges campagnes d’information du public.
Le SRAS et le SRAS Cov-2, le virus du Covid-19 sont des virus similaires. Ils partagent, selon les experts, environ 80 % de leur ADN. Ce scénario pourrait donc se reproduire. D’une part, les mêmes types de mesures sont mises en place dans de très nombreux pays. D’autre part, les pays les complètent par d’autres mesures : confinement plus ou moins sévère, port du masque obligatoire et distanciation physique. Selon Stephen Morse, si, grâce à ces mesures, le nombre de personnes contaminées passent en dessous d’un certain seuil, l’épidémie pourrait disparaître.
Mais il y a tout de même quelques différences entre les deux virus. D’une part, le SRAS Cov-2 est beaucoup plus contagieux que le SRAS. D’autre part, les patients atteints par le nouveau coronavirus sont contagieux avant même de présenter des symptômes. Enfin, avec le SRAS Cov-2, selon les autorités sanitaires, les malades qui s’en sont remis peuvent à nouveau contracter la maladie. Le corps n’est pas immunisé après cette infection.
Scénario 2 : on ne pourra jamais vraiment éradiquer l’épidémie
Le Srars Cov-2 pourrait rejoindre les quatre coronavirus qui circulent actuellement en permanence. Ces quatre coronavirus endémiques sont bénins. Ils sont responsables des rhumes habituels, peuvent causer un pneumonie et dans des cas très rares, la mort. Or, ce nouveau coronavirus se propage plus vite que d’autres virus, y compris de personnes ne présentant pas de symptômes. Et l’on sait que les virus respiratoires sont les plus difficiles à éradiquer.
Il est donc possible d’imaginer un scénario dans lequel ce nouveau virus deviendrait un cinquième coronavirus humain endémique, estime Stephen Morse épidémiologiste à l’université de Columbia. Amesh Adalja, expert en maladies infectieuses est plus affirmative : il «ne disparaîtra pas sans un vaccin».
Scénario 3 : le coronavirus devient saisonnier
Le terme « saisonnier » sous entend que le virus pourrait disparaitre quand il fait chaud (été) puis revenir quand il fait plus froid (hiver). C’est pourquoi la grippe, ainsi que les quatre coronavirus endémiques, sont moins répandus pendant les mois chauds et humides. Si le nouveau coronavirus réagit de la même façon, il devrait lui aussi, devenir un virus saisonnier. Cela ne signifie pas pour autant qu’il aura disparu. Le Dr Amesh Adalja rappelle que dans les pays tropicaux, il n’y a pas de grandes différences entre les saisons et les hémisphères sud et nord ont des saisons opposées. Ce nouveau coronavirus va t-il muter comme le virus de la grippe?
Le génome du nouveau coronavirus est constitué d’un seul brin d’ARN. Les virus ayant ce type de génome mutent généralement rapidement, a déclaré le biologiste Michael Farzan de Scripps Research. A chaque mutation, nait un nouveau virus très proche mais inconnu de notre système immunitaire qui doit le combattre en partant de zéro. Or, comme le SRAS, le SRAS Cov-2 semble disposer d’un système de correction moléculaire qui réduit son taux de mutation. En clair, le SARS-CoV-2 semble muter à un rythme beaucoup plus lent que le virus de la grippe. Ce qui laisse du temps pour découvrir un médicament ou un vaccin.
Scénario 4 : la découverte d’un médicament et/ou la fabrication d’un vaccin
Pour Stephen Morse et Amesh Adalja seul un vaccin permettra de contrôler ce coronavirus de façon définitive. Actuellement, des spécialistes et des entreprises pharmaceutiques du monde entier travaillent au développement de traitements et de vaccins pour le nouveau coronavirus. Certains testent des médicaments déjà existants pour vérifier leur efficacité sur le Covid-19. D’autres tentent de développer des vaccins à partir du code génétique du virus.
Mais fabriquer un vaccin prend du temps. Les scientifiques doivent respecter un certain nombre d’étapes obligatoires : isoler le virus, procéder à des essais cliniques, les tester sur des animaux et enfin les réaliser sur les hommes. 70% du temps de fabrication sont utilisés pour contrôler la qualité et la sécurité du vaccin. Et ces contrôles sont effectués à chaque étape de la fabrication. Supprimer certaines étapes serait compromettre la fiabilité et la sécurité du vaccin.
Tous les experts de la santé le disent : SI on a de la chance et SI tout va bien, on pourrait obtenir un vaccin sûr et efficace dans 12 à 18 mois. Ce qui, est extrêmement rapide par rapport aux 10 ans habituellement nécessaire. Stephen Morse l’affirme : «Plus vite un vaccin sera fabriqué, plus vite nous aurons un ‘pare-feu durable’ contre la propagation du coronavirus». Une lumière au bout du tunnel…