Facebook, Twitter, Instagram : ce sont autant de plateformes sur lesquelles l’on partage des clichés de sa vie. Et en ce faisant, l’on s’imagine souvent à l’avance les éventuelles réactions autour de la photo postée.
Certains internautes ne peuvent plus se retenir de poster des photos et des selfies sur la Toile. Selon le psychanalyste Gérard Wajcman, qui s’entretenait avec psychologies.com, le fait de poster un cliché sur les réseaux sociaux est une façon pour une personne de « se montrer ». De donner aux autres à voir une image « améliorée » de soi pour susciter leur intérêt. Une image où l’on est à son avantage.
Pour des spécialistes de la santé mentale, ce besoin compulsif de prendre des photos de soi ou selfies pourrait aussi être lié à des désordres psychologiques. Comme une tendance au narcissisme, une très faible estime de soi, ou une envie de compenser la réalité. Ce besoin de se montrer, expliquent d’autres spécialistes, pourrait venir de l’absence des parents durant l’enfance. Montrer ses photos comblerait ainsi un vide.
Certes, il y a aussi le rôle social que peut jouer les selfies : l’on partage avec les autres des moments importants de sa vie; on leur montre qu’on pense aussi à eux, un peu comme si on leur envoyait une carte postale. Voilà pour la dimension saine de la photo partagée.
Toutefois, le fait de prendre constamment des photos peut aussi empêcher de profiter pleinement de l’instant présent, de se forger des souvenirs impérissables. C’est ce qu’explique du reste Linda Henkel, une chercheuse en psychologie de l’université de Fairfield, aux États-Unis. Elle note que le fait de prendre des photos et des selfies à tout-va empêche un individu de porter réellement attention aux détails d’un événement important, ou encore d’un objet.
Elle en a fait l’expérience en organisant une sortie au musée pour ses étudiants de l’université et en leur demandant de faire des photos de quinze œuvres et de mémoriser les détails de quinze autres tableaux. À la suite de cet exercice, elle leur a fait passer un test de mémoire. C’est donc sans surprise qu’elle a démontré que les étudiants ne se souvenaient pas de ce qu’ils avaient photographié.
Et d’ajouter que dans ce cas précis, la mémoire ne joue plus son rôle. C’est ce qu’on appelle la dépréciation : « L’appareil photo ou le smartphone devient une béquille ».
Si le fait de vous prendre constamment en photo vous empêche de profiter du moment présent, éteignez le Wi-Fi. Ensuite, renouez avec le dialogue. Vous êtes au resto ? Mettez vos sens en éveil et profitez de la nourriture et de l’instant présent.