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Le tabac et l’allaitement |
Le tabac et l’allaitement
Beaucoup de fumeuses qui n’ont pas souhaité ou alors pas réussi à stopper la cigarette pendant la grossesse pensent qu’elles ne peuvent allaiter leur enfant, car elles feraient du tort à ce dernier. Toutefois, des recherches effectuées sur le sujet démontrent que les enfants d’une mère qui fume et qui ne sont pas nourris au lait maternel sont en moins bonne santé que ceux qui le sont.
En 1966, une étude a démontré que l’allaitement a un effet protecteur sur les enfants surtout par rapport aux infections respiratoires chez les enfants exposés à la cigarette. Par ailleurs, les résultats d’une autre étude réalisée auprès de 1218 enfants de mères fumeuses ont mis en évidence que le non-allaitement augmentait les risques de développement de maladies respiratoires par sept.
Voici d’autres chiffres : une étude portant sur plus de 3000 bébés néerlandais âgés de 1 à 6 mois affirme que les bébés dont la mère fume présentent un risque deux fois plus élevé de souffrir de coliques que ceux des mères non-fumeuses.
Cependant, si ces mêmes mères allaitent leurs enfants, les risques sont moindres. Tout cela nous amène à dire que l’allaitement, surtout s’il dure plus de six mois, diminue les méfaits du tabagisme passif pour les bébés : coliques, problèmes respiratoires et digestifs, problèmes de croissance, etc.
Les inconvénients du tabagisme pour la mère et l’enfant
Cependant, ce n’est pas une raison de minimiser les inconvénients liés au tabagisme pendant l’allaitement. Chez la mère, on note une diminution de la sécrétion de prolactine due à la nicotine. Cela entraîne une sécrétion lactée moins abondante ainsi qu’un taux de lipides plus bas. Par ailleurs, les décharges d’adrénaline provoquées par le tabagisme pourraient aussi interférer avec le réflexe d’éjection.
Qu’en est-il du côté des bébés ? À vrai dire, le passage dans le lait des nombreux produits toxiques contenus dans la cigarette n’a pas encore été décrit de manière exacte. Cependant, les effets de la nicotine, eux, sont bien connus. Il faut savoir que la nicotine passe rapidement dans le lait. Et sa concentration va dépendre de nombreux facteurs comme le nombre de cigarettes fumées, la façon dont la fumée est inhalée, le tabagisme actif, entre autres.
Par ailleurs, la nicotine peut provoquer chez bébé, de l’irritabilité, des anomalies de la pression sanguine et du rythme cardiaque, des nausées et des vomissements ainsi que des douleurs abdominales. De plus, la nicotine donne un goût prononcé au lait et il risque de ne pas aimer.
L’alcool et l’allaitement
La prise d’alcool régulière pendant la grossesse et l’allaitement n’est pas conseillée. Toutefois, il n’existe pas d’arguments réellement fondés interdisant formellement la consommation occasionnelle d’alcool pendant l’allaitement. L’Académie américaine de pédiatrie déclare que « les mères qui allaitent devraient éviter de boire de l’alcool, car il se concentre dans le lait et peut inhiber la lactation », mais « la prise occasionnelle d’une boisson alcoolisée lors d’une fête est acceptable, si l’on attend deux heures après la prise pour allaiter » (Breastfeeding and the Use of Human Milk, 2005).
Que se passe-t-il exactement dans le lait ?
Lorsque l’alcool passe dans le lait, on le retrouve à un taux similaire à celui présent dans le sang. À savoir que les facteurs pouvant influencer ce passage sont nombreux : la rapidité avec laquelle la boisson est ingérée, le poids de la mère et de sa masse adipeuse, le degré alcoolique du liquide ingéré ou encore si l’estomac est vide ou non.
La façon dont les femmes allaitantes et non allaitantes réagissent à l’ingestion d’alcool est différente. En effet, une étude a révélé que la biodisponibilité de l’alcool était moindre chez les femmes qui allaitent, car le pic sanguin étant moins élevé, l’élimination de l’alcool serait plus rapide.
Par ailleurs, vous le savez sans doute, la présence d’aliments dans l’estomac permet de ralentir l’absorption de l’alcool surtout s’il s’agit d’aliments riches en graisses. Il faut savoir que le foie métabolise l’alcool à une vitesse fixe et par conséquent, l’élimination devra suivre une courbe linéaire en fonction de la quantité d’alcool absorbée. Au bout de 30 à 60 minutes, on observe le pic lacté si l’alcool a été ingéré à jeun. À l’inverse, ce pic est observé au bout de 60 à 90 minutes si la mère a mangé. Sachez que lorsque le taux sanguin d’alcool baisse, l’alcool présent dans le lait repart dans le sang et que tirer le lait n’est pas un moyen d’éliminer plus rapidement l’alcool.
Alcool et allaitement : l’impact sur le réflexe d’éjection et la production de lait
L’alcool a une incidence négative sur le réflexe d’éjection et ce n’est plus un secret depuis 1973 déjà. En effet, une étude avait alors démontré qu’une dose d’alcool variant de 1 à 1,5 g/kg absorbée sur une courte durée bloquait le réflexe d’éjection chez 50 % des femmes environ et l’inhibait en partie chez les autres. Des doses variant entre 1,5 et 2 g/kg bloquaient complètement ce réflexe chez 80 % des femmes tandis que le blocage devenait total chez 100 % des femmes lorsque les doses d’alcool dépassaient 2 g/kg.
À savoir que la consommation d’alcool réduit de manière significative la quantité de lait que peut tirer une mère deux heures après sa prise. D’ailleurs, un bébé absorbe moins de lait au sein pendant les quatre heures qui suivent la prise d’alcool, mais en boit plus entre 8 et 16 heures après la prise de l’alcool par la mère. Cela ne veut pas dire que le bébé n’aime pas le goût.
Quels effets sur l’enfant ?
À court terme, lorsque la mère absorbe une dose d’alcool inférieure à 1 g/kg, cela ne représentera aucun problème pour le bébé allaité. Cependant, lorsqu’il s’agit d’un nourrisson de quelques jours, il se peut que même une quantité minime d’alcool puisse représenter une dose conséquente, car ses capacités métaboliques sont plus faibles qu’un bébé plus âgé.
Le manque d’études effectuées sur la prise régulière d’alcool à long terme sur le développement neurologique de l’enfant ne permet pas de décrire avec précision les conséquences sur le bébé. Toutefois, la précaution est de mise et l’on recommande l’abstinence s’il s’agit d’une prise d’alcool régulière.
Et si vous souhaitez boire un verre ou deux au cours d’une soirée ou d’une fête, les spécialistes recommandent l’allaitement juste avant de commencer à boire de l’alcool et d’attendre quelques heures avant de remettre le bébé au sein. À savoir qu’une mère est en mesure d’effectuer un alcootest pour lait maternel (MilkScreen) afin de découvrir le taux d’alcool présent dans son lait.
Un autre moyen serait de consulter le tableau suivant pour connaître le temps qu’il faudra pour que l’alcool soit complètement éliminé du lait. Celui-ci s’appuie sur le nombre de verres pris et le poids de la mère. Celle-ci peut également envisager de tirer son lait auparavant et le donner ou le faire donner à son bébé, mais aussi prévoir que quelqu’un s’occupe du bébé si elle « prend une cuite ». Car plus le bébé est jeune, plus il est fragile.
1 verre = 340 g de bière à 5 %, 141,75 g de vin à 11 % ou encore 42,53 g d’alcool à 40 %
Par exemple, une femme de 40,8 kg et qui a consommé 3 verres d’alcool en une heure devra attendre 8 heures et 30 minutes pour que l’alcool soit éliminé de son lait. Une femme de 95,3 kg qui a consommé la même quantité d’alcool doit, quant à elle, attendre 5 heures et 33 minutes avant de pouvoir allaiter son enfant à nouveau.
L’allaitement et la caféine
La caféine est une substance que l’on retrouve notamment dans le café, le thé, mais aussi les boissons à base de cola et des aliments et médicaments. Elle est excrétée dans le lait à un taux qui varie d’une femme à l’autre.
Si une femme boit au maximum trois tasses de café par jour, la caféine ne risque pas de lui causer des problèmes et de nuire à la santé de son bébé. Au-delà des trois tasses, la caféine peut provoquer chez le bébé une surstimulation, de l’insomnie, de l’irritabilité, des coliques ou alors diminuer le taux de fer dans le lait. Aussi, sachez que le tabagisme chez la mère entraîne une augmentation de l’impact de la caféine chez le bébé.
Prise de stupéfiants et de substituts pendant l’allaitement
Le cannabis
Le THC est le principe actif que l’on retrouve dans le cannabis. Celui-ci passe dans le lait où on le retrouve à un taux plus élevé que le taux sérique de la mère, surtout si elle en consomme régulièrement. S’il est exposé à la fumée du cannabis, le bébé peut aussi en absorber de très grandes quantités.
Les conséquences chez l’enfant sont très controversées. À court terme, on note une sédation ainsi qu’une succion faible alors qu’à long terme les dangers pour la santé du bébé sont difficiles à évaluer. L’allaitement d’un enfant par une mère consommant régulièrement du cannabis pourrait entraîner un développement neurologique moins bon chez un enfant d’un an. Toutefois, cela reste à confirmer.
Une mère fumant du cannabis ainsi que les mères accros au tabac devraient connaître ces risques afin de limiter l’exposition du bébé.Toutefois, l’Académie américaine de pédiatrie ne recommande pas la consommation de cannabis pendant l’allaitement et déconseille aux mères qui en consomment régulièrement d’allaiter leur enfant.
Méthamphétamine
La méthamphétamine passe dans le lait maternel à un taux significatif. Deux études ont démontré que l’enfant en recevra 18 à 68 mg/kg/jour. Vous l’aurez compris, on déconseille aux femmes qui prennent de la méthamphétamine d’allaiter leur enfant. Cette substance peut provoquer des hallucinations, de l’agitation, mais aussi des convulsions, une psychose, etc. D’ailleurs, une mère qui consomme de la méthamphétamine sera incapable de s’occuper de son bébé.
Héroïne
L’héroïne passe dans le lait, mais sa biodisponibilité orale est basse. Cependant, cette drogue rend une mère incapable de s’occuper de son enfant. De plus, si elle en consomme régulièrement, le bébé court des risques élevés de maltraitance et de négligence.
Cocaïne
Les données existant sur l’excrétion lactée de la cocaïne après sa consommation sont limitées. Si l’on s’appuie sur ses propriétés physico-chimiques, on serait amené à penser que la cocaïne passera dans le lait et pourra s’y concentrer. À savoir que la biodisponibilité orale de cette drogue est basse et que l’essentiel de la cocaïne présente dans le lait de la mère sera détruit dans le tractus digestif du bébé. Cependant, il est bon de savoir qu’une faible dose de cocaïne peut provoquer de graves conséquences sur le nourrisson.
En effet, des études ont démontré que les bébés exposés à cette drogue à travers l’allaitement sont victimes de convulsions, d’hypertension, de tachycardie, d’agitation et d’irritabilité. Les mères qui en consomment souvent doivent se tourner vers un médecin spécialiste de la toxicomanie. Elles doivent également s’abstenir pendant l’allaitement.
Méthadone
La méthadone est utilisée dans les programmes de sevrage comme substitut et vise à remplacer les opiacés chez les consommateurs d’héroïne. Les mères prenant de la méthadone peuvent continuer l’allaitement de leur enfant. Elles y sont d’ailleurs encouragées si elles suivent leur traitement à la lettre. Selon les spécialistes, la quantité de méthadone excrétée dans le lait est en théorie trop faible pour prévenir ou traiter le syndrome de sevrage du bébé à la naissance.
Une étude réalisée auprès de nourrissons dont les mères ont pris 30 à 100 mg de méthadone par jour pendant la grossesse a démontré que les huit nouveau-nés nourris au lait maternel ne présentaient pas de syndrome de sevrage conséquent, nécessitant un traitement, tandis que les enfants nourris au lait industriel en avaient besoin, ainsi qu’un des deux enfants partiellement allaités.
Suite à ces observations, plusieurs questions se posent, notamment : à quoi est dû cet impact favorable de l’allaitement ?
Que retenir donc de toutes ces informations ? En résumé, que certaines substances toxiques ingérées par une mère qui allaite son enfant ne passeront pas dans le lait, ou alors, passera dans des quantités négligeables, ce qui n’aura aucune conséquence sur l’enfant. D’autres substances, bien qu’elles passent dans le lait, n’auront pas de conséquences sur l’enfant s’il s’agit d’une consommation occasionnelle et si la mère prend les précautions nécessaires. À l’inverse, en cas de consommation régulière de ces substances, les conséquences sur l’enfant peuvent être très graves et il faudrait peser le pour et le contre, c’est-à-dire considérer les bienfaits/risques de l’allaitement dans ces conditions contre ceux de l’alimentation au lait industriel. Le plus important reste le bon développement physique et psychologique de l’enfant.
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