Yashpal est chauffeur de taxi. Le jour, comme la nuit, il est appelé à prendre le volant, au moindre coup de fil de ses clients. Il enchaîne souvent plus de huit heures de travail par jour, sans aucun temps de repos. « J’ai déjà somnolé à cause de la fatigue cumulée alors que je conduisais. Heureusement pour moi, je suis arrivé à bon port ce jour-là. Mais je conçois que j’aurais pu mettre ma vie et celles des autres en danger », témoigne-t-il. Comme Yashpal, ils sont nombreux les conducteurs à accumuler plusieurs trajets à la suite, sans s’arrêter.
Mais quels liens la fatigue a-t-elle sur les accidents de la route ? Et bien, de nombreux accidents de la route sont dus à l’endormissement au volant.
Pour Alain Jeannot, président de l’Association Prévention Routière Avant Tout (PRAT) , il est question de santé publique.
La somnolence est, selon lui, responsable d’une multiplication par huit du risque d’accident.
En 2010, l’association a fait une étude sur les conséquences de la fatigue au volant et les accidents de la route. Sur un échantillon de 990 personnes interrogées, 57 % des conducteurs ont avoué avoir somnolé au moins une fois durant les six derniers mois précédant leur participation à l’étude. La raison principale évoquée; la fatigue (88 %). Le sondage a également permis de révéler que les employés travaillant sur shift system ont un taux de somnolence 10 % supérieur à ceux qui travaillent aux heures de bureau.
La fatigue agit en effet sur nos facultés. Un petit coup de fatigue et c’est la vigilance mentale et physique qui conduit vers la somnolence et le sommeil.
Quels conseils dans ce cas ?
Sachez d’abord reconnaître les signes annonciateurs :
bâillements fréquents, les paupières lourdes, vision floue, des douleurs et raideurs dans la nuque, bouche sèche, yeux irrités, les pensées qui voyagent, baisses de réflexes, un besoin incessant de changer de position sur son siège, engourdissement des jambes… Lorsque ces signes se manifestent, un petit break s’impose.
« Il est conseillé de se garer dès que possible et de faire une sieste réparatrice de 20 à 30 minutes », conseille Alain Jeannot. Il est recommandé de passer le volant à un autre conducteur. Une pause-café est également la bienvenue, mais à condition de s’accorder un peu de repos et laisser le café agir…
L’association PRAT conseille également de planifier les sorties en fonction du repos. Sachez qu’un manque de sommeil est bien souvent à l’origine de la fatigue ; « C’est un peu comme la dette de sommeil qui s’accumule », explique il.
Prendre la route lorsque l’on n’a pas assez dormi ou lorsqu’on est resté éveillé pendant longtemps, provoque les mêmes effets négatifs que l’alcool sur les capacités du conducteur. En effet, 17 heures de veille active équivaut à une alcoolémie de 0,5 g/l. 21 heures sans sommeil équivalent à une concentration d’alcool de 0.15 g dans le sang !