Quand Maya tombe amoureuse de son future mari Kishore, c’est le début d’un conte de fée: ‘Nous nous entendions à la perfection! Nous étions sur la même longueur d’ondes et nos rares disputes, autant que je m’en souvienne, ne se résumaient qu’à la question de nourriture!’
C’était avant que la jeune femme ne fasse connaissance de ses beaux-parents, surtout de sa belle-mère: ‘Elle a eu envers moi une attitude glaciale; je me disais que c’était peut-être de par le fait que nous nous voyions pour la première fois.’ Hélas non. Cette attitude de rejet a continué les fois suivantes : ‘C’était des remarques sur mes vêtements, mes cheveux et même mon poids. J’en parlais à Kishore, il relativisait en me disant de me pas m’en faire que c’est avec lui que je me mariais et non avec ses parents, encore moins sa mère.’
Maya et Kishore se marient. Petit à petit Maya comprend que le problème de sa belle-mère vient de la couleur de sa peau: ‘Au fil de certaines conversations avec d’autres membres de la famille, j’ai compris que son grand problème venait de là. Ce qu’elle voulait pour son fils, c’est une fille au teint clair, mince, avec de longs cheveux noirs. Moi j’étais foncée, ronde avec les cheveux ondulés. Imaginez la déception!’
Faute de n’avoir pas la belle-fille bien comme il faut, belle-maman garde l’espoir que les petits-enfants soient du bon ‘format’ : ‘Si ma belle-mère ne veut pas de moi, elle est quand même prête à faire un effort pour ses petits-enfants. C’est ainsi que ‘l’espoir’ renaît pour elle à l’annonce de ma première grossesse. L’espoir de tomber enfin sur la bonne couleur, le bon ‘carat’ quoi !’
Kishore, connaissant sa mère mieux que personne, la soutient du mieux qu’il peut : ‘Après tout, c’est sa mère. Je ne lui ai jamais demandé de choisir entre elle et moi. Mais je sais que si elle dérape, Kishore sera toujours là pour moi.’
Maya accouche de son premier enfant. Le premier réflexe de sa belle-mère : regarder les oreilles et le bout des doigts du nourrisson, afin de deviner son pigment. Maya est juste révoltée : ‘J’ai trouvé cela insultant et réducteur. Mais cela ne m’a qu’à moitié étonnée. Elle m’avait jugée sur mon physique et la couleur de ma peau, rien d’étonnant à ce qu’elle fasse pareil pour mon bébé. Même si ce bébé se trouve être aussi son petit-fils!’
Maya apprendra plus tard le soulagement de sa belle-mère que son fils ressemble plus à son mari qu’à elle : ‘Elle pouvait dormir sur ses deux oreilles, un peu comme si l’honneur venait d’être réparé!’
Trois ans plus tard, une petite fille vient s’ajouter au tableau, plus basanée celle-là. Maya se met dès lors à veiller au grain, afin de lui éviter des commentaires déplacés : ‘J’ai dit à Kishore que sa mère avait intérêt à ne pas se lancer dans des commentaires racistes sur mes gosses. Heureusement elle ne l’a pas fait. Mais après 12 ans de mariage, je peux vous dire que son attitude envers moi n’a pas changé. Je suis toujours cette pièce rapportée qu'on considère avec mépris et qu’on va juger sans arrêt. Sa dernière trouvaille? Comparer les résultats scolaires de mes enfants avec ceux de ma belle-soeur. Histoire de prouver qu’une belle-fille claire de peau fait office de meilleure maman qu’une avec la peau bronzée!’
Quand belle-maman ne veut pas de sa belle-fille, tous les prétextes sont bons pour le prouver.