Pendant longtemps, les parents et les professionnels de la santé ont pensé qu’un enfant allaité ne courait aucun risque et était protégé des allergies. Mais ce n’est pas le cas. Certains bébés présenteront des allergies et d’autres non.
Sommaire
Quels sont les signes évocateurs d’une allergie ?
Les allergies ne se manifestent pas forcément dès la naissance et les mères doivent se montrer attentives aux symptômes de leur enfant et classer ces signes en plusieurs catégories, car ceux-ci vont évoluer au cours de la croissance :
1. Symptômes digestifs pouvant signaler une allergie : régurgitations importantes, reflux gastro-œsophagien avec régurgitations ou non, vomissements, du sang dans les selles ayant la taille d’une tête d’épingle. Certains enfants n’ayant pas été diagnostiqués comme allergiques auront un retentissement de leur croissance avec une cassure de leur courbe de poids.
D’autres symptômes apparaissant tardivement par rapport au moment où l’allergène a été introduit rendent le diagnostic plus difficile.
De plus, ce sont des symptômes que les traitements habituels ne peuvent soigner : coliques, gaz douloureux, douleurs abdominales, diarrhée chronique, selles vertes, glaireuses, constipation notamment lors de l’introduction d’une alimentation variée. Quoi qu’il en soit, évitez de faire des diagnostics allergiques qui n’ont pas forcément lieu d’être.
2. Symptômes cutanés pouvant faire penser à un eczéma : des joues sèches ou qui suintent, un tour desoreilles irrité, une rougeur des plis, et ce, malgré une bonne hygiène corporelle. Par conséquent, les enfants ont tendance à se gratter et il arrive parfois que ces lésions saignent. À cause de ces démangeaisons, l’enfant peut avoir du mal à dormir. Ce n’est pas facile pour un enfant de vivre avec un eczéma atopique sévère et non traité ! Hormis les troubles du sommeil auxquels il devra faire face, son eczéma peut se surinfecter avec des champignons, des bactéries et des virus.
On remarque alors chez ces enfants des troubles du comportement, y compris de la succion, ce qui les empêche de téter correctement et par extension, de grossir correctement, et ce, sans qu’une allergie soit en cause. Il convient alors de traiter l’eczéma pour permettre à l’enfant de téter plus facilement. Il peut aussi arriver que le bébé souffre d’une urticaire qui s’en va et qui revient, ait les yeux et les lèvres gonflés ou encore un œdème conséquent de la gorge accompagné de gonflement de la langue et du visage (œdème de Quincke).
3. Symptômes respiratoires allant des rhinites chroniques, conjonctivites aux troubles ORL chroniques, sinusites pour les plus grands, toux et bronchites asthmatiformes et asthme.
4. D’autres signes généraux comme les pleurs incessants des enfants jour et nuit, l’énervement, les troubles du sommeil ou encore les réveils en pleurs sont des symptômes à surveiller, car dans ces cas ce n’est pas seulement le bébé qui souffrent, mais aussi toute la maisonnée.
5. L’urticaire péribuccale peut se généraliser, l’œdème de Quincke et l’asthme peuvent aussi s’aggraver conduisant à un choc anaphylactique très grave.
Allergies chez bébé : confirmation du diagnostic
Les parents ne reconnaissent pas toujours une allergie chez leur enfant quand ils en voient une, sauf s’ils se sont déjà retrouvés dans la même situation avec un autre enfant ou un enfant de leur entourage. Les allergies alimentaires sont les allergies les plus fréquentes chez les nourrissons. Et lorsqu’il y a allaitement, il convient aussi d’examiner ce que consomme la mère pour identifier la substance allergène. La plupart du temps, il s’agit d’une allergie au lait de vache. Celui-ci contient 33 protéines différentes et est potentiellement allergisant. Dans d’autres cas, c’est le poisson qui est en cause ou alors l’œuf, la moutarde, les pistaches, les crustacés, le blé, entre autres.
Beaucoup de mamans s’en veulent lorsqu’elles se rendent compte que leur enfant est allergique à un aliment qu’elles consomment et qui passe dans leur lait. En effet, de manière générale, l’allaitement est perçu comme le remède universel pour les bébés, un remède grâce auquel ils ne connaîtront aucune maladie. Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas le lait qui provoque l’allergie, mais bien un aliment consommé et dont les protéines allergisantes se transmettent au bébé pendant l’allaitement. La sensibilisation à la substance allergène peut avoir eu lieu avant l’allaitement, c’est-à-dire pendant la grossesse, car certains nouveau-nés présentent des signes d’allergie dès les premiers jours de leur vie. Il peut aussi s’agir des produits cosmétiques utilisés pour faire sa toilette. Dans ces cas, la substance allergène pénètre l’organisme à travers la peau.
Pendant l’allaitement, certaines mères découvrent graduellement que leur bébé présente des signes d’allergie dès qu’elles mangent un aliment bien précis. Par conséquent, elle le supprime complètement de leur alimentation. Par exemple, si le bébé présente des allergies au lait de vache, elles arrêteront d’en consommer et feront une croix sur leur tasse de lait matinal, sur les yaourts ou encore le fromage, etc. Chez certaines mères, ces mesures seules peuvent suffire à améliorer l’état de santé de leur bébé. Mais pour d’autres, il faudra encore éliminer les traces cachées de lait dans de leur alimentation et parfois même rechercher les noms lysosime, lactosérum, petit lait, lactose sur les étiquettes alimentaires. Une telle restriction oblige les mères à surveiller leur consommation de produits industriels qui contiennent beaucoup de dérivés de lait et dont la composition change souvent.
En éliminant complètement les aliments concernés, la maman allaitante pourra observer une amélioration et une disparition des symptômes entre 24 heures et 15 jours. S’il n’y a qu’une faible amélioration, il est conseillé de se tourner vers un pédiatre allergologue ou un allergologue pour effectuer des tests et confirmer ou infirmer les allergies suspectées par les parents, et ce, quel que soit l’âge du bébé.
Les spécialistes de l’allergie sont unanimes, les nourrissons peuvent être testés dès leur naissance et le plus tôt serait le mieux. Toutefois, il faut savoir qu’à cause de leur immaturité, certains tests peuvent être négatifs un jour et devenir positifs plus tard. Comment savoir s’il s’agit d’une allergie ou d’une intolérance ? Si la substance allergène soupçonnée est supprimée de l’alimentation de la mère et de l’environnement immédiat de l’enfant et que l’on note une amélioration des symptômes, l’on devine que le bébé ne supporte pas cette substance. Dès lors que les tests le confirment, on parlera plutôt d’allergie et si les tests cutanés et sanguins sont négatifs, il s’agit d’une intolérance. À savoir que l’apparition des symptômes peut aussi révéler une « overdose » de la substance incriminée et il faut dès lors découvrir la quantité à ne pas dépasser.
Allaitement et allergie : opter pour un régime d’éviction ou pour l’hydrolysat ?
En cas d’allergies alimentaires, on recommande aux mamans un régime strict d’éviction qui vise à éliminer complètement la substance allergène de son alimentation. Toutefois, les professionnels de la santé sont d’avis qu’il n’est pas facile de demander à une maman d’éliminer trois aliments ou plus de son régime alimentaire. Mais la décision finale lui revient. Certaines n’y arrivent pas alors que d’autres sont prêtes à changer leur alimentation pour poursuivre l’allaitement.
Dans ces cas, il est primordial d’obtenir la liste des aliments autorisés ou non, sans oublier de faire attention aux traces de produits cachés. Par exemple, en cas d’intolérance au lait de vache, la mère doit faire attention et éviter les aliments riches en calcium et prendre des compléments alimentaires apportant du calcium, mais qui ne provient pas du lait vache. D’autres sources de calcium sont les algues, les coquilles d’huîtres écrasées et les eaux riches en calcium.
Une autre solution serait le sevrage du lait maternel. Il s’agit de bannir complètement le lait maternel de l’alimentation du bébé et d’opter pour un hydrolysat. C’est un lait spécial, qui soit dit en passant, n’a pas bon goût et que les bébés ont tendance à bouder. À savoir que les laits de chèvre, de brebis ou encore de jument ne doivent pas être utilisés sans l’avis d’un médecin, car en général, ils ne sont pas adaptés aux besoins nutritionnels des nourrissons et peuvent même être allergisants.
Autres aliments à éviter : les « jus » d’amande, de noisette, de noix, de riz ou encore d’avoine, qui peuvent entraîner une dénutrition chez le nourrisson. Évitez aussi le lait de soja, plus particulièrement chez les jeunes enfants, en raison de son taux élevé de phytoestrogènes. De plus, il existe des allergies croisées lait de vache et lait de soja.
Acquisition d’une tolérance par l’allaitement
Les spécialistes en allergologie pensent qu’il est possible qu’un enfant devienne tolérant à un allergène s’il le rencontre à petites doses. En effet, il est possible de guérir d’une allergie alimentaire, plus ou moins rapidement. Toutefois, cette guérison n’est pas toujours complète et pour la maintenir il faut que le bébé allergique reste en contact avec l’allergène afin de découvrir la dose qu’il peut tolérer.
Et c’est bien ce qui se passe avec l’allaitement. Même si elle est très à cheval sur son régime alimentaire, il arrive qu’une mère fasse quelques écarts volontairement ou involontairement. De cette manière, l’enfant est toujours habitué à rencontrer l’allergène. Toutefois, tout cela doit être effectué sous la supervision d’un spécialiste des allergies pour ne pas mettre la vie de l’enfant en danger.
Le souci des mères c’est surtout de savoir si leur enfant peut se permettre, par exemple, une tranche de gâteau acheté dans le commerce ou alors un biscuit que lui a offert son camarade de classe sans devoir toujours se faire un sang d’encre lorsqu’il ou elle n’est pas en présence de ses parents.
Les réactions allergiques se manifestent différemment chez différentes personnes. Alors que certains enfants présenteront ces manifestations allergiques seulement les premières années de leur vie et finiront par supporter des doses modérées de la substance par la suite, chez d’autres enfants, la situation peut évoluer vers « la marche allergique » ou « la carrière allergique » qui va de l’eczéma à l’asthme et la rhinite allergique.
Que penser de la diversification alimentaire ?
Chez les enfants allergiques, la diversification alimentaire commence dès 6 mois contrairement à ce que l’on recommandait autrefois. Toutefois, les aliments doivent être introduits un par un, sans restriction, chaque 2 à 3 jours. Si l’on constate l’apparition d’un eczéma, l’aliment suspecté ne doit pas être éliminé de l’alimentation du bébé sans le lui avoir proposé au moins une fois encore.
En ce qui concerne les aliments les plus allergisants, il est possible de faire un bilan avec des tests cutanés afin de limiter le risque de réactions. Par ailleurs, si l’on note aucune sensibilisation alimentaire, l’enfant peut commencer à goûter graduellement aux fruits cuits et légumes cuits, aux céréales infantiles sans arachide et sans fruits à coque. Et puisque le fer et le zinc sont importants, il est recommandé d’introduire rapidement de la viande, des œufs et des poissons gras pendant le deuxième semestre de sa vie. Quant aux aliments considérés comme fortement allergénique (kiwi, céleri, fruits à coque, crustacés, arachide) il est conseillé de le proposer à l’enfant après ses un an.
Pour résumer...
Rester informé est le meilleur moyen de prévenir ces situations et si vous suspectez une allergie, chez votre enfant allaité :
- Faites-lui passer des tests le plus tôt possible et répétez-les.
- Cherchez un médecin spécialiste en allergies avec qui vous pourrez dialoguer librement et lui faire part de vos inquiétudes et doutes.
- Suivez un régime d’éviction et pour cela tournez-vous vers un nutritionniste qui vous aidera ainsi que votre enfant.
- Évitez les arachides dès la grossesse, car cet aliment présente un risque allergique élevé.
- Mettez-vous à la cuisine et ne faites pas confiance aveuglément aux produits industriels.
- Faites attention aux allergies croisées.
- Lisez et relisez les étiquettes des produits industriels.
- Évitez d’appliquer des produits cosmétiques industriels sur la peau des enfants, notamment ceux qui contiennent des ingrédients comme l’huile d’amande douce, le germe de blé, le lait de vache ou encore des conservateurs comme les parabens.
- Utilisez des produits naturels (les plus naturels qui soient) pour nettoyer les fesses de bébé.
- Ne pas vous exposer à la fumée des cigarettes (tabagisme passif) pendant la période prénatale, mais aussi après.
- Se rapprocher des parents qui sont aussi passés par là.
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