Vous êtes dans l’autobus, dans un restaurant, dans un lieu public très fréquenté, votre bébé a faim et sa façon de vous le faire comprendre est de se mettre à pleurer.Toute mère sait qu’il est impossible de calmer un bébé qui a faim, qu’il soit nourri au sein ou au biberon. Aucune caresse, aucun mot tendre, aucun jouet ne pourra rien y faire.
Ce qu’il veut avant tout c’est être nourri, point barre ! Dès la première tétée, les pleurs cessent et la tranquillité revient.
Si allaiter son enfant est un acte des plus naturels, il existe encore une polémique autour de ce geste quand l’on constate les expressions qui se lisent sur les visages des autres. Car la vue d’un bout de poitrine en public dérange. Certains considèrent qu’allaiter un enfant en public est un manque de respect, voire un acte indécent.
Le sein étant grandement érotisé, on oublie facilement sa fonction première, qui est de servir à l'allaitement.
Mary, maman du petit Pascal, âgé aujourd’hui de 6 ans, se souvient encore de la gêne occasionnée autour d’elle lorsqu’elle sortait son sein nourricier pour assouvir les besoins de son fils, encore bébé. Cette maman avait choisi l’allaitement exclusif durant la première année.
« Il réclamait le sein n’importe quand et n’importe où : lors d’une fête, à l’église, dans un endroit public, dans une file d’attente… L’endroit le plus insolite où je l’ai nourri au sein était à un enterrement au cimetière ! », nous raconte Mary, sur un ton amusé.
Pour cette mère, allaiter son enfant en public est un geste des plus naturels et une solution avant tout pratique. Comme un rendez-vous mère/enfant privilégié : « C’est moins contraignant que d’avoir à trainer avec des biberons. De plus, le lait est réglé à la bonne température. Et avant tout, j’ai toujours été fière d’allaiter mon fils, moi ! », nous explique-t-elle.
Allaiter en public pour Mary n’avait rien d’une contrainte ou d’un moment tant redouté : « Pour moi, c’était automatique ; je demeurais imperturbable ! Je ne me prenais pas la tête parce que j’avais compris que mes seins étaient comme une sorte de biberon mobile rattaché à moi. J’étais son distributeur de lait et je devais satisfaire des demandes. Ce n’était plus mes seins, mais ceux de mon fils ! ».
Regards furtifs
Comment réagissait-elle face aux des regards complexés des autres ?
« Je faisais tout simplement semblant de ne pas les voir. Si les gens ne voient en un sein qu’un objet sexuel en oubliant sa fonction maternelle, ce sont eux qui ont l’esprit tordu ! J'ai remarqué que les hommes glissaient surtout des regards furtifs en regardant discrètement ma poitrine ; étonnamment, c’était les femmes qui semblaient les plus embarrassées. Pourtant, ce sont celles qui, de par leur statut de femmes, sont censées se montrer les plus compréhensives. Elles s’offusquaient, limite se montraient dures envers moi.’
Et ne parlons pas des remarques désobligeantes. Mary se souvient encore des réflexions lancées par les propres membres de sa famille, gênés comme pas deux dès qu’elle sortait son sein. « J’ai eu des commentaires du genre : Tu vas lui donner à boire, là ici ? Tu ne peux pas le faire dans un endroit plus discret ?’
Pourquoi autant de polémique et de peur autour de l’allaitement en public ? Pour le Dr Aruna Surnam, ‘Acting Regional Public Health Superintendant’ et coordinatrice nationale de l’allaitement, le sein n’est finalement réduit qu’à un ‘objet’ sexuel : « Ce qui est ironique, c’est qu’il est davantage considéré ‘normal’ de voir des femmes aux seins nus à la télévision ou dans les magazines, mais la vue d’un sein nourricier dérange et choque.
Allaiter est, rappelons-le, un geste tout à fait normal car il s’agit tout simplement de nourrir son enfant. Je pense que la société n’est pas encore prête à s’adapter à cela », nous explique notre interlocutrice.
Que faire alors pour rester dans la discrétion ? Le Dr Surnam conseille aux mamans de porter un soutien-gorge spécial allaitement et des vêtements qu’elles pourront déboutonner ou des hauts pour faciliter l’allaitement.
« Le haut est soulevé légèrement pour donner au bébé l’accès au sein. Le haut relevé cache ainsi la partie supérieure du sein et la tête du bébé dissimule le bas.
Pour assurer davantage de discrétion, je conseille aux mères de recouvrir le sein d’un châle, juste avant la tétée ». De précieux conseils pour mamans pudiques ou l’entourage lubrique…
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