Qu’est ce que le syndrome de la cabane ?
L’origine de ce terme est inconnue. C’est une expression utilisée pour décrire le fait d’être enfermé trop longtemps dans un endroit et d’avoir peur d’en sortir. On pense que le terme remonte au début des années 1900 et à la ruée vers l’or en Alaska. Les premiers colons américains vivaient dans des cabanes en bois d’où il s’isolaient pendant la totalité des hivers sombres et froids. A leur retour en ville, ils devenaient méfiants vis à vis des autres. Ils avaient peur de la vie sociale et éprouvaient une certaine nostalgie de leur vie de reclus.
Le syndrome de la cabane correspond donc à une série d’émotions négatives et de sensations de détresse auxquelles les gens peuvent être confrontés lorsqu’ils ont été isolés ou coupés du monde. C’est un syndrome visible dans certaines professions comme les gardiens de phare. Mais aussi chez ceux qui sont coincés chez eux en raison de conditions météorologiques difficiles ou après une longue hospitalisation. Et à fortiori actuellement, en cas de confinement.
Quels sont les symptômes ?
Ce n’est ni une maladie, ni une pathologie psychiatrique mais plutôt un état émotionnel transitoire. Ce syndrome implique une série d’émotions négatives et de détresse liées à la restriction des mouvements : irritabilité, ennui, un certain désespoir, une peur de tout ce qui pourrait arriver à l’extérieur. La détresse est très réelle et peut rendre difficile tous les aspects de la vie quotidienne. Sur le plan comportemental, de l’agitation et des difficultés à se concentrer. Chaque personne étant différente, les symptômes sont très variés.
Pour savoir si vous souffrez de ce syndrome, il faut vous auto-évaluer en vous posant quelques questions:
- Lorsque vous sortez de chez vous, êtes vous plus anxieux ou plus stressé ?
- Avez vous l’impression d’être protégé seulement chez vous?
- Avez vous peur de vous rendre dans un espace clos, un commerce par exemple ou prendre un transport en commun ?
- Ressentez vous comme une crainte de recôtoyer d’autres personnes ?
- Avez vous des angoisses lorsqu’il s’agit de retourner au travail ?
Quelles sont les causes ?
D’un point de vue évolutif, le besoin d’appartenance à un groupe est l’un des besoins existentiels majeurs de l’Homo sapiens. Nous sommes tous d’abord des animaux sociaux. Dès le paléolithique, nous avons eu besoin de contacts et de relations régulières avec d’autres individus pour survivre. C’est pourquoi, l’isolement a un effet négatif sur notre esprit et notre corps.
Pour une très large majorité d’entre nous, le confinement a sonné comme un changement radical de vie. Il nous a fallu l’accepter non pas comme une punition ou une privation de liberté, mais comme un moyen de nous protéger, nous même et nos proches, tout en participant à un effort collectif. Pour lutter contre la pandémie notre arme était de rester chez nous. Notre maison est donc devenu ce cocon protecteur nécessaire à notre survie.
Avec le déconfinement, il faut se réhabituer à sortir et à s’adapter à un nouveau mode de vie, comme «avant». Mais pas tout à fait : porter des masques, maintenir une distanciation physique, pratiquer les gestes barrières,…. Arrive alors la peur : peur d’être contaminé, peur d’être malade, peur de la foule, peur de retrouver un quotidien stressant,…
Se confronter à ce nouveau monde et se ré-adapter à nouveau n’est pas toujours simple. Ce «n’est pas anodin et peut être mal vécu chez certaines personnes», explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.
Comment s’en sortir ?
La syndrome de la cabane n’étant pas une pathologie reconnue, il n’existe pas de «traitement» standard. La solution qui vous convient le mieux dépend en grande partie de votre situation personnelle. Voici quelques conseils pour vous aider:
Etablissez une routine : Il faut donner du rythme à vos journées : levez vous et couchez vous à heures fixes, habillez-vous, suivez un horaire, fixez-vous des objectifs quotidiens. Les routines donnent un sentiment de prévisibilité et de sécurité avec des mini « objectifs » à atteindre tout au long de la journée. Une bonne routine peut également atténuer l’anxiété.
Sortez de la maison : Sortez, même pour une courte période et donnez vous un but : aller dans une boutique, à la poste, faire le tour du pâté de maison,…. L’exposition à la lumière du jour peut aider à réguler les cycles naturels du corps, et l’exercice physique libère des endorphines, l’une des hormones du bonheur. Même une petite promenade peut vous aider à vous sentir mieux rapidement. Sortez, mais respectez les gestes barrières. Ce sont des outils qui sont rassurants en cette période d’incertitude.
Arrêtez de trop penser : S'inquiéter n'est pas une maladie. Mais lorsque vous pensez trop et que vous laissez ce trop plein de pensées envahir votre vie, cela finit par se transformer en anxiété. Et plus on pense, plus on exagère et plus on est anxieux. Il faut arrêter de trop penser et des techniques simple existent. Cela ne veut pas dire que vous ignorez la situation, cela veut dire que vous devez faire une pause - pas de nouvelles anxiogènes venant des réseaux sociaux ou de la télévision par exemple. Vous devez apprendre à vous détendre.
Surtout, soyez à l’écoute de vous même, de vos ressentis pour éviter les crises de panique. Cela prendra le temps qu’il faudra mais vous y arriverez. N’oubliez pas que l’être humain est capable de s’adapter, d’évoluer. Soyez confiants et patients. Mais si vous avez besoin d’aide, n’hésitez à en parler à vos proches ou à un spécialiste. Il pourra vous aider à trouver des outils pour mieux accepter et vivre ce déconfinement.